Extraits des Affiches du Poitou
Carrière de marbre - GÉOLOGIE - St Pierre d'Exideuil ; Civray
M. le Marquis de Cerzé, Seigneur du Château de la Bonardelliere, en la Paroisse de Saint Pierre d'Exideuil, près Civray, vient de découvrir dans sa terre, une carriere de marbre, que l'on assure pouvoir être comparé au plus beau marbre de Grece & d'Italie. Nous n'avons point encore d'autres renseignements sur cette découverte précieuse, que nous nous empressons d'annoncer. On se souvient des mines d'antimoine & d'ochre, trouvées depuis peu dans le Bas-Poitou. Ainsi la Providence, toujours bienfaisante, nous offre de temps en temps de nouvelles richesses ; il n'est question que de creuser la terre.
ADP, n° 16, du 22 avril 1773, page 62
LETTRE A L'AUTEUR DES AFFICHES.
Vous desirez, M., des renseignements sur la découverte que M. le Marquis de Cerzé vient de faire dans sa Terre de la Bonardeliere, près Civray. Pour pouvoir vous en donner qui fussent exacts, je me suis transporté à la Carriere ; j'y ai vu une quantité de blocs de marbre, de différentes especes, dont les uns sont d'une seule couleur, blanche ou grise, car il y a de ces deux especes ; les autres sont de couleurs variées & mêlées, comme jaune, bleu & rouge-pâle. Il y en a déjà un très-grand nombre de tirés, qui n'attendent que la main d'un ouvrier habile, pour être mis en œuvre ; mais cet ouvrier manque. M. de Cerzé en desire ardemment, & ne sait où le prendre. Vous pourriez, en parlant de cette découverte, exciter ceux qui en connoitront, à indiquer leurs noms & leurs demeures. M. de Cerzé en demanderoit ensuite le nombre qui lui seroit nécessaire. Il veut embellir & aggrandir son Château ; ils y trouveroient de l'ouvrage pour long-temps. Cette Carriere est placée sur la pente d'une Colline, dont la chaîne se prolonge assez loin, & qui renferme vraisemblablement du Marbre dans toute sa longueur. Le commencement de la Carriere n'a présenté d'abord que des couches ou bancs de pierre blanche, mais qui avoit une singularité remarquable ; c'est que dans tous les endroits où elle se fendoit par quartiers ou feuilles, on y trouvoit la représentation d'une petite plante ou arbrisseau, semblable au Cypriès, ou plutôt, telle qu'on en voit sur les Agathes arborisées. Cette même plante se trouve également peinte dans les blocs de marbre.
Je vous envoie un échantillon de l'une & de l'autre. Le marbre paroit susceptible d'un beau poli ; le morceau que je vous envoie ne l'est qu'imparfaitement, parce qu'il ne l'a été qu'avec un couteau & un morceau de bouteille. Si vous mouillez le côté qui l'est moins, l'arborisation paroîtra beaucoup mieux. C'est une des moins parfaites, & une des moindres variétés du marbre de cette carriere. Il se trouve entre les couches de pierre & de marbre, une terre glaise de différentes couleurs, dont je vous envoie aussi un échantillon, avec un morceau de mine, qui paroit être de fer ; & un autre morceau qui paroit être un amas de coquillages cristalisés ; on en trouve quelques-uns de pétrifiés. C'est peut-être une espece de talc.
Cette découverte est donc en effet précieuse ; mais il est à présumer que plus on creusera, & plus elle deviendra intéressante. M. Valmont de Bomare, dans son Dictionnaire d'Histoire Naturelle, distingue trois sortes de marbres : celui d'une seule couleur, marmor unicolor ; le marbre panaché ou mêlangé, marmor variagatum, le marbre figuré, marmor opacum figuratum. Tels sont dans cette derniere espece les marbres de Hesse & de Florence, sur lesquels on remarque, dit M. de Bomare, des apparences d'Arbrisseaux, Esquisses de Villes, de Châteaux, de Montagnes, de Lointains, &c.
On peut donc dire que la carrière de la Bonardeliere, renferme la premiere et la troisieme espece de marbre, distinguées par M. de Bomare, & plus particuliérement celle qui ressemble aux marbres de Hesse & de Florence, puisqu'on y apperçoit la majeure partie des singularités qu'ils présentent.
Je trouvai à la Carriere deux enfants de M. de Cerzé, l'aîné & le Chevalier ; cette aîné ainsi que M. son pere, dessine très-agréablement. Ils nous conduisirent au Château, où ils nous montrerent des échantillons des différentes variétés de ce marbre, qu'ils avoient eux-mêmes commencés à travailler. Tout ceci étoit étendu dans le Salon & mêmé avec des instruments de musique, & des morceaux de dessein, dont l'un représente un Temple, où les regles de la perspective ou de l'optique, ont été si bien observées, que l'on distingue parfaitement la voûte & les différents rangs de colonnes. Ce Salon paroit être celui des Arts réunis ; j'y vis un morceau de marbre, sur lequel on apperçoit la figure d'un vieillard, on le distingue parfaitement, il paroit être enveloppé dans un manteau, & sortir d'un nuage ; des cheveux gris un peu courts ; une barbe blanche un peu longue, ces traits achevent de le faire distinguer. Ce morceau est d'environ deux pieds de long, sur un pied de large ; le fond est d'un jaune varié, & le tout est surmonté de quatre pommes d'un bleu foncé. Je vis aussi un petit morceau sur lequel on reconnoît la figure d'un Christ, mais moins parfaitement que celle du vieillard.
P.S. Depuis ma lettre écrire, je me suis procuré deux autres morceaux de marbre, que je joins au premier.
ADP, n° 19, du 13 mai 1773, page 73 Commentaire : Techniquement, dans les terrains sédimentaires du Civraisien, il ne peut pas s'agir de marbre, qui est une roche métamorphique. On doit avoir à faire à un calcaire très fin et très dur, du Jurassique (Callovien, début du Jurassique supérieur). Le correspondant a bien décrit les dendrites, minéralisations généralement d'oxyde de manganèse, en forme d'arborescences.
AVIS DIVERS
Le sieur Chevreau, Chef des Ouvriers qui exploitent la Carriere de Marbre de la Bonardeliere, près Civray, avertit, que trouvant actuélement dans le pays toutes les matieres nécessaires pour travailler & polir le marbre, qu'il étoit ci-devant obligé de tirer de Paris & d'autres Provinces, il est en état de baisser le prix de ses ouvrages. Il passera les cheminées du marbre de premiere qualité à cent cinquante livres, celles de la seconde à cent vingt livrres, & celles d'un marbre inférieur à quatre-vingt livres. Au surplus l'uni sera à meilleur marché que le sculpté, & le prix variera en proportion du plus ou moins d'ornemens qu'on y désirera ; la même diminution proportionele aura lieu pour tous les autres ouvrages. On a fait depuis peu une nouvelle fouille dans la carriere, & on y trouve du marbre encore plus beau que celui qui a paru. Les prix annoncés sont, comme on l'a dit ci-devant, aux conditions de prendre les ouvrages au chantier, le Maître Marbrier ne voulant point se charger de les faire rendre qu'aux frais des acheteurs.
ADP, n° 22, du 2 juin 1774, page 96
Le Curé Auvergnat
De St-Hilaire-le-Voui, bas Poitou, 12 Mai.
Nous avions il y a quelque temps pour Curé un Prêtre Auvergnat, qui s'est avisé, ne sachant sans doute pas la Langue Françoise, d'écrire dans le patois de sa Province, tous les actes des registres de Baptêmes, Mariages & sépultures de sa paroisse : de sorte que son successeur est avec raison on ne peut pas plus embarassé pour entendre ces actes & et déliver des extraits. On dit qu'il a été rendu compte de cet incovénient au Gouvernement, afin d'envoyer sur le lieu un interprete qui puisse explique & traduire ces actes, & des Magistrats pour faire les procès verbaux nécessaires, afin de reconoître, constater & assurer par le témoignage des habitans qu'il sera convenable d'y appeler, l'état, la qualité & l'âge des citoyens dont il est question sur ces registres, pour le repos & l'intérêt des familles. Cette paroisse est du Diocèse de Luçon.
Affiches du Poitou, n° 22, du 3 Juin 1779, page 86
Triplés et centenaire Médecine Sauzé ; Plibou
AVIS DIVERS.
On écrit de Sauzé, (Haut-Poitou) le 26 Mai, que la femme du nommé Maret, étoit accouchée dans le mois précédent, d'un garçon & de deux filles ; que celles-ci ont vécu onze jours, & que le garçon annoncoit de la santé. La même lettre porte que Jacques Joachim, de la paroisse de Plibou, près ledit Sauzé, mourut le 27 Mars dernier âgé de 107 ans ; qu'il avoit continué ses travaux ordinaires jusqu'à l'âge de 102 ; qu'il tomba d'une charrette, ce qui l'affoiblit beaucoup le reste de sa vie.
ADP, n° 22, du 3 juin 1773, page 87
Le Perroquet Zoologie
A VENDRE. Jeune & très-beau Perroquet d'Espagne, Amazone ; cet Oiseau est instruit au point qu'on n'en a peut-être pas encore vu un pareil ; il fait une infinité de mots & de petits discours familiers, qu'il pronononce distinctement & avec une précision singuliere ; il imite les roulements que font les baguettes sur une caisse de tambour, il chante à plein gosier plusieurs chansons d'un couplet, même une chanson où il y a une reprise, & sans se tromper ; il prononce en plain-chant, la priere pour le Roi. Il fait l'admiration de tous ceux qui l'entendent ; il est doux & ne crie jamais comme font presque tous les autres Perroquets. Nous sommes en état de montrer la liste de son savoir-faire, qui étonnera. S'adresser à Paris, à M. Noët, rue des Moulins, Butte St Roch, vis-à-vis l'Hôtel de la Marche.
ADP, n° 22, du 3 juin 1773, page 88