Extraits des Affiches du Poitou

Piège à souris

ECONOMIE DOMESTIQUE
Tout le monde se plaint des ravages que font les souris, le piège le plus communément employé pour les surprendre, est une machine en fil de fer, percée par le haut ; les souris y tombent, attirées par l'apât qu'on y met ; mais il ne peut s'y en prendre tout au plus que cinq ou six de suite, sil on n'a pas l'attention d'y voir à mesure. Un particulier vient de nous écrire qu'il a imaginé de percer ces souricieres dans le fond, & de les placer sur un grand vase plein d'eau ; les souris y tombent & se noyent. On peut prendre sur-tout cette precaution dans les maisons que l'on laisse inhabitées pendant quelque temps, comme pendant les vacances. Nous croyons avoir lu l'indication de ce moyen dans d'autres Papiers Publics.

Affiches du Poitou, n° 1, du 4 janvier 1775, page 3

Les tombes de Niort

ANTIQUITE
On a trouvé & on trouve encore dans les excavations que l'on fait auprès de la ville de Nyort pour en embélir les dehors, plusieurs Tombeaux, sans inscriptions, faits d'un parpin bien taillé, étroits sur pieds, & augmentant par proportion jusqu'à la tête, où n'y a place que pour cette partie. La couverture est d'une seule pierre unie par dessous, & taillée par dessus en forme de chevalet très aigu, & d'environ 18 pouces de hauteur. On remarque sur chacune de ces couvertures, des scultures grôssieres représentant des instruments d'Ouvriers, tels que Cordonnier, &c. Les ossemens que l'on trouve dans ces Tombeaux, se réduisent en poussiere dès qu'on les découvre. On a trouvé aussi dans chacun une petite cruche de grès. Ces différentes indications anoncent l'ancieneté de ces Tombeaux.
Affiches du Poitou, n° 1, du 4 janvier 1775, page 3

Genérosité

Acte de désintéressement généreux
La vertu est plus commune qu'on ne le pense communément ; mais elle est modeste, elle aime la retraite. C'est servir les hommes que de leur en présenter de temps en temps des exemples. Elle s'exileroit elle-même de la terre, si on cessoit de lui rendre des hommages. Un citoyen de cette ville possédoit deux Offices qu'il ne pouvoit exercer à la fois ; il vend l'un, l'autre est supprimé quelque temps après, & il se trouva sans état ; celui à qui il avoit vendu l'Office conservé, va lui offrir de lui rendre, il refuse ; ce double procédé délicat fait autant d'honeur à l'un qu'à l'autre ; le rapporter simplement, c'est assez en faire l'éloge ; quiconque a le cœur honête, en sentira le mérite.
Affiches du Poitou, n° 1, du 4 janvier 1775, page 3

Diafoirus

ANECDOTES
Voici deux traits originaux d'un Médecin de cette ville, mort il y a 30 ans, dont Molier n'auroit pas manqué de faire usage, s'ils fussent arivés de son temps. On l'appele un jour auprès d'un malade ; la femme de cet homme l'interroge sur l'état de son mari ; « il est très-mal », « qu'a t-il ? », « le pourpre », « commens ? », « oui », « à quoi le connoissez-vous ? », « voyez ses mains comme elles sont violetes », « hé ! Monsieur, mon mari est Teinturier », « ah ! je n'en savois rien ; j'aurais juré qu'il avoit le pourpre, & vous êtes bien heureuse qu'il soit Teinturier ». Une autrefois il rencontre un de ses amis ; « bonjour, qu'avez-vous donc ? », « je n'ai rien » ; « faites-vous saigner » ; « pourquoi ? » « vous êtes malade, faites-vous saigner, vous dis-je » ; « point du tout, je me porte très-bien » ; « sérieusement ? » « certes » ; « ah ! vous avez raison, pardon, je vous prenois pour un autre ».
Affiches du Poitou, n° 1, du 4 janvier 1775, page 4

Et enfin, hors presse, cette observation météo faite par le curé de St Macoux sur ses registres paroissiaux, en 1777
Saint-Macoux – BMS – 1771-1781, p. 46 Le jeudi troisième jour de juillet environ les six heures et demie du soir, il s'éleva un vent de Sud-Ouest si violent et si impétueux qu'il forma un ouragan le plus terrible qui se soit fait sentir dans le pays. Les arbres, surtout les noyers furent arrachés, d'autres, qui comme les châtaigniers offraient à l'air une plus forte résistance furent rompus, et réduits au seul tronc. Les édifices furent ébranlés, quelques charpentes emportées, presque tous découverts. Les grains, presque mûrs, notablement endommagés. Cet événement funeste, que rendait plus formidable la foudre et les éclairs, jeta tout le monde dans la plus affreuse consternation et dura environ trente minutes.