Michel BODIN
Un exemple de recrutement de la milice provinciale.
Tours au XVIIIe siècle
Au XVIIIe siècle la royauté avait à sa disposition une force militaire composée de deux éléments : les troupes réglées, troupes régulières d'active recrutées par engagements volontaires et la milice recrutée par enrôlement forcé mais aussi par le système du volontariat.
Par l'ordonnance du 29 novembre 1688 Louvois traçait l'esquisse de la milice provinciale; altérée, interrompue, elle reçut une organisation stable par l'ordonnance du 27 février 1726 et vécut jusqu'à la Révolution (1).
En temps de paix les miliciens restaient chez eux astreints périodiquement à des assemblées; en temps de guerre ils gardaient les places fortes, assuraient la sécurité des arrières, mais pouvaient aussi jouer le rôle de réserve (2).
Le tirage au sort apparaît souvent comme synonyme de milice mais le volontariat (placement, substitution, volontariat à proprement parler) donnait un grand nombre d’hommes.
L’'étude de cette institution à Tours montre les aspects originaux du recrutement dans une grande ville. LES LEVÉES DE MILICE A TOURS
Le début de la milice
L’état de la documentation ne permet pas de savoir avec une absolue précision la date de la première levée qu'eut à subir la ville de Tours; les registres de délibérations du Corps de ville n'en font pas mention avant 1719.
L’ordonnance du 15 décembre 1688 décidait que chaque paroisse fournirait autant de miliciens qu'elle payait de fois 2 000 livres de taille (3).Or depuis 1462, par lettre patente de Louis XI, la ville était exempte de tailles. Mais au XVIIe siècle seules douze paroisses sur seize que comptait Tours jouissaient de cette exemption (4). Ces quatre paroisses « étaient-elles astreintes à la levée »? Aucune pièce n'en parle et pourtant on trouve le régiments de Milice de Tours lors des opérations de Savoie en 1690 (5).
On peut donc penser que la milice ne fut étendue à Tours qu'à partir de 1719.
En effet, la ville réagit à la levée de vingt miliciens en décidant d'écrire à l'intendant Legendre « que l'ordonnance du 15 janvier 1719 ne s'applique point pour les villes franches du royaume, que celle de Tours étant franche et exempte de la contribution aux dites milices qu'elle n'a jamais fournies » (6). Le 15 mars le Corps de ville avait déjà décidé « de faire remontrance à Monseigneur l'Intendant que cette ville n'estant point sujette au fournissement des dits miliciens, que l'ordonnance du Roy ne peut luy estre appliquée, mais aux villes et paroisses taillables » (7).
Cet argument tombait de lui-même dans la mesure où le nombre des miliciens ne dépendait plus à cette date de la taille mais de la répartition faite par l'intendant. Ce dernier ne répondit pas à la municipalité mais demanda au subdélégué de Tours de lever les miliciens conformément à son ordre. Le registre des délibérations du Corps de ville note cela, tout en prévoyant l'envoi d'un placet « à son Altesse royale, le duc d'Orléans » (8).
En 1742, la ville de nouveau essaya d'échapper à la milice en désignant un élu pour discuter de l'exemption de Tours (9). Aucune pièce ne nous permet de suivre les plaintes des Tourangeaux; nous ne pouvons que constater leurs échecs puisque la milice fut levée à Tours jusqu'en 1788 et que début 1789 les listes des miliciables se préparaient.
Les régiments de recrues : les recrues nationales
Le tirage au sort, par l'ordonnance du 23 janvier 1691, désignait les miliciens; mais devant les critiques durant la guerre de Sept Ans, les résistances, le roi envisageait le volontariat pour la milice. Le pouvoir central eut alors, de 1759 à 1765, recours à une forme particulière de recrutement qui remplaça le tirage au sort.
Le principe était le suivant : le gouvernement renonçait à l'enrôlement forcé dans chaque paroisse mais voulait que celles-ci achetassent des volontaires à leurs frais; c'est ce qu'on appelait les recrues nationales ou les recrues provinciales. L'intendant restait responsable des hommes, de même qu'il l'avait été pour les miliciens (10). La maréchaussée se chargeait du recrutement.
La première année l'intendant Lescapolier semblait satisfait du procédé; il le notifiait au Corps de ville : « Le party que j'ay adopté de charger de ce travail les commandements des différentes brigades de maréchaussée paraissait le plus propre au succès de cette opération et je ne devais point m'attendre à la longueur avec laquelle elle s'est poursuivie jusqu'à présent, surtout avec le succès qu'avait eu l'année dernière cette levée volontaire » (11). En 1760, les enrôlements se firent lentement et en 1761 ils furent insuffisants. Le 23 mars 1761 il demandait à la ville « de réveiller le zèle des préposés aux recrues à faire sentir aux Communautés des villes l'intérêt qu'elles ont à s'épargner un remplacement forcé ». Lescapolier brandissait la menace d'un retour au tirage au sort (12). Ce conseil ne fut pas entendu car le 23 novembre 1761 l'intendant écrivait de nouveau aux maires et échevins : « Il y avait bien lieu de présumer que la ville sentirait le bien qu'il résulte pour elle de ce nouveau plan. J'ay cependant vu avec peine que ces motifs n'ont point été assez connus dans votre ville. Sa Majesté s'est déterminée à faire une nouvelle tentative. Il va donc être procédé à une nouvelle levée volontaire qui sera faite dans les mêmes principes et dans la même forme que la première et je ne puis que vous exciter à faire comprendre à tous vos habitants combien ils sont intéressés à ce que ce travail soit plus fructueux que le précédent... » (13). Les maires et échevins faisaient alors placarder cette décision le 26 novembre 1761 : «... Le soulagement que les sujets du Roy ont retiré de l'établissement des recrues provinciales a déterminé Sa Majesté toujours attentive au bien de ses peuples, à en ordonner la continuation...
Instruit des ordres du Monarque à concourir elle-même au soulagement qu'il veut bien procurer, à se prêter aux mouvements naturels de cette noble ardeur qui conduit à l'immortalité et à se rendre avec empressement sous les drapeaux du plus grand des Rois, Monsieur Desrieux lieutenant de la Maréchaussée de Touraine, rue des Amandiers, concertera les engagements suivant les ordonnances du Roy et la taille des hommes qui se présenteront chez lui... Ces mesures empêcheraient le tirage forcé de la Milice. Autrement elle aurait lieu » (14).
L'état de la documentation ne nous permet pas de connaître le nombre des engagés qui devaient avoir au moins 16 ans et mesurer au moins 5 pieds 1 pouce et n'avoir encouru « aucune flétrissure de la Justice (15). Ni la bonne volonté, ni la persuasion ne permirent le succès espéré par l'intendant et le tirage reprit à Tours en 1766.
La réquisition
L'intendant dans son mandement fixait le nombre d'hommes que la ville devait fournir. Sur les placards-ordonnances imprimées, la mention du contingent assigné, se trouvait écrite à la main dans un espace laissé en blanc. Le plus souvent, ils se doublaient des affiches des maires et échevins qui précisaient la charge de la ville et les mesures à prendre (17).
L'absence totale de documents entre 1719 et 1742 d'une part et entre 1744 et 1759 d'autre part ne nous permet pas d'avoir une vue précise sur l'évolution du nombre de miliciens demandés à Tours.
Nombre d'hommes demandés à Tours | |||||||
1719 | 20 | 1775 | 27 | 1782 | 12 | ||
1743 | 105 | 1776 | 18 | 1783 | 12 | ||
1758 | 66 | 1777 | 18 | 1784 | 12 | ||
1765 | 35 | 1778 | 16 | 1785 | 12 | ||
1767 | 26 | 1779 | 27 | 1786 | 18 | ||
1768 | 24 | 1780 | 18 | 1787 | 12 | ||
1769 | 27 | 1781 | 12 | 1788 | 12 | ||
1774 | 24 |
Les chiffres s'appliquent aux levées générales c'est-à-dire faites au moment de la constitution, de l'augmentation, du renouvellement partiel du contingent. Le nombre de recrues est celui que Tours doit fournir. Seulement si parmi les miliciens des années précédentes s'étaient produites des morts ou des désertions, la ville devait boucher des trous.
En fait la ville engageait des volontaires pour compléter les effectifs sans alourdir la charge des miliciables. En 1787 Tours devait 12 hommes; on en engagea 10 et 4« tombèrent au sort ». L'un des engagés remplaça « le garçon issu du sort » qui avait succombé à la maladie (19).
Gébelin parle de levée de remplacement. Nous n'en avons trouvé aucune trace à Tours (20).
L'effectif de la ville varia selon les temps et les besoins. La première levée de 20 hommes s'explique-t-elle par la campagne d'Espagne? Le gouvernement avait peut-être songé à des opérations difficiles. Le désir d'épargner les campagnes explique sans doute l'instauration de la milice à Tours.
Devant la longueur des combats et les besoins de la guerre le roi, par l'ordonnance du 6 décembre 1742, décida une augmentation de milice et Tours dut 105 hommes pour 1743. Les marchands de la ville donnèrent 10 hommes, les marchands-fabricants 10 hommes, les ouvriers à façon 5 hommes, les passementiers 4 hommes, les boulangers 2 hommes, les serruriers 2 hommes (21).
La guerre explique cette levée de même en 1758 où la milice fut aussi augmentée : 70 recrues pour 1758. Belle Isle, secrétaire d'Etat à la guerre précisait dans sa circulaire : « La levée... sera faite de préférence dans les villes et subsidiairement dans les paroisses du plat pays de manière que les habitants de la campagne ne contribuent à la dite levée que pour ce que les villes n'auront pas absolument fourni »(22). Déjà en 1736 le secrétaire de l'intendant de Tours écrivait : « Les garçons de campagne ne seront plus admis au-dessous de 18 ans. Sa Majesté a eu envie de procurer aux campagnes un soulagement réel et conserver à l'agriculture les sujets qui lui sont nécessaires de manière que la culture des terres ne pourra souffrir de la privation de laboureurs » (23). A partir de 1765 le nombre de miliciens ou de soldats provinciaux déclina pour se stabiliser à 12 de 1781 à 1788.
Le poids de la milice à Tours semble beaucoup moins lourd que dans d'autres villes telles Nancy, Nîmes. En tenant compte des chiffres différents donnés pour la population tourangelle, la « pression » serait d'un milicien pour 800 habitants (24). Nous pouvons nous faire une idée plus juste en comparant Nancy et Nîmes à Tours.
1708 | 1709 | |
Nancy | 1 milicien pour 764 habitants> | 1 milicien pour 705 habitants (25) |
Tours | 1 milicien pour 1 116 habitants> | 1 milicien pour 1 037 habitants (26) |
Cette différence peut s'expliquer par le fait que le régiment de Nancy servait comme régiment de troupe réglée.
Une autre comparaison renforce cet aspect. En 1784, d'après le calcul démographique de Necker, Tours fournissait un homme sur 1 800 et Nîmes un sur 1 666; en 1787, selon Calonne, Tours avait un milicien pour 2 346 habitants, Nîmes un sur 1659 (27).
L'intendance de Tours dans son ensemble jouissait d'une réquisition assez faible; une rapide comparaison avec les généralités de Grenoble, Rouen, Limoges, Montpellier en 1742 le montrera aisément (28).
Intendance | Requisition | Population | Rapport Milicien / habitants |
Tours | 650 | 995 000 | 1 532 |
Grenoble | 880 | 59 500 | 664 |
Rouen | 1 270 | 600 000 | 472 |
Limoges | 880 | 554 000 | 629 |
Montpellier | 2 030 | 1 617 000 | 796 |
On peut se faire une idée du poids de la levée de miliciens en comparant le nombre de miliciens à celui des miliciables.
De 1776 à 1787, à Tours, ce rapport varie de 1 sur 60 à 1 sur 90. On est loin pour la même période des 1/27 à Bayeux en 1776, des 1/11 de Bordeaux, des 1/14 de Bayonne et des 1/7 d'Agen. Tours se classait dans les grandes villes que l'on épargnait souvent de peur des émeutes.
Ces chiffres restent théoriques dans la mesure où la ville engageait de nombreux volontaires comme nous l'avons vu plus haut.
LE TIRAGE AU SORT La préparation du tirage
Le premier acte de la levée se situait à l'échelon gouvernemental qui s'inspirait de la situation politique et des prévisions militaires (29). Le secrétaire d'Etat à la guerre envoyait aux intendants des circulaires dont l'en-tête résumait l'ordonnance royale. Ainsi celle du 25 août 1758 :« Sa Majesté jugeant nécessaire au bien de son service d'augmenter ses bataillons de Milice, elle a ordonné et ordonne ce qui suit... » (30).
Le bureau de la Guerre faisait ensuite la répartition du contingent entre les généralités, selon la population. L'intendant opérait de même dans sa circonscription mais bien souvent la tâche retombait sur le subdélégué au niveau de l'élection. Pendant cette période il correspondait avec le secrétaire d'Etat afin de lui exposer les cas particuliers, les doléances d'obtenir une diminution de charge, une permission d'engager des volontaires (31). Ainsi Genty, secrétaire de l'intendant Du Cluzel : «L'intendant fait savoir à la ville que celui-ci est dans la disposition de répondre aux voeux de la compagnie et de solliciter auprès du Ministre de la Guerre la dispense du tirage effectif et la permission d'acheter des hommes » (32).
La ville recevait alors le mandement de l'ordonnance ainsi que l'ordonnance royale dont l'intendant, dans la sienne, reprenait les principaux points. Le Corps de ville faisait ensuite afficher, en moyenne, deux cents placards « à tous les carrefours et lieux accoutumés de Tours». Ils pouvaient être publiées au son du tambour ou à l'issue des messes et des vêpres le Dimanche qui suivait leur réception ». Ensuite étaient convoqués à l'Hôtel de Ville les officiers de chaque compagnie bourgeoise. (Ils devaient y venir avec le grand uniforme écarlate à boutons d'or) (33). Là, ils recevaient les instructions pour l'exécution des ordonnances et la confection des listes « des hommes veufs et sans enfants et des garçons assujettis à la Milice » (34).
Les officiers de bourgeoisie confectionnaient les listes en « se rendant dans chacune des maisons que comportait leur compagnie ». On ne pouvait leur refuser l'entrée sous peine de sanctions. Ils prenaient les déclarations des chefs de famille, mère et père, sur le nombre de garçons et hommes veufs et sans enfants exempts et non-exempts. Au début on ne portait sur ces listes que les non-exempts ce qui entraîna de sérieuses difficultés. Le subdélégué Restru écrit à ce sujet « que plusieurs syndics ayant jugé à ce propos de ne pas comprendre sur les listes certains garçons qu'ils croyaient exempts, ceux-là même furent par moi décidés miliciens et substitués aux miliciens du sort » (35).
Chacune de ces listes comprenait les noms de baptême et de famille, la taille, le lieu de naissance, le métier et parfois quelques observations. Le plus souvent elles ne correspondent pas aux désirs des représentants du pouvoir dans la forme mais surtout dans le soin apporté à leur confection. En 1769 le subdélégué se montra exigeant en ordonnant de n'accepter « que les listes conformes à la demande » c'est-à-dire lisibles et établies par ordre alphabétique (36).
Certifiés par les maires et échevins, ces documents étaient envoyés au subdélégué qui s'en servait le jour du tirage (37).
Le tirage au sort
Bien que les archives tourangelles ne contiennent pas toutes les dates des tirages au sort, on peut penser qu'il eut lieu de 1719 à 1731, de 1733 à 1748, de 1750 à 1785, de 1765 à 1769 et d'une façon continue de 1774 à 1788 (38).
L'intendant se bornait à indiquer soit une saison, soit l'espace de quelques mois. Ainsi, Genty secrétaire de l'intendant dans une lettre adressée en 1776 à Restru subdélégué de Tours indiquait « que la première levée devait être faite de février à mars au plus tard » (39). Le subdélégué précisait les jours et les heures de l'opération, suite à quoi, la ville publiait une ordonnance pour prévenir miliciens et miliciables.
Dans les 30 dernières années de l'Ancien Régime, le tirage avait lieu de février à mars sauf en 1776 où il eut lieu du 31 mars au 2 avril. On divisait les 12 compagnies quartiers de Tours en 3 groupes, chacune tirant le jour indiqué par l'ordonnance. On les groupait toujours de la même façon et elles se soumettaient au sort toujours dans le même ordre.
Les compagnies colonelle (Louis de Bourbon, comte de Charolais avait pris en 1720 une ordonnance qui confirmait à la compagnie Saint-Pierre du Boille le titre de « Compagnie Colonelle »), Saint-Pierre-des-Corps, Saint-Saturnin, Porte-Neuve débutaient; puis c'était le jour des compagnies Saint-Symphorien, Saint-Étienne, Saint-Eloy et Saint-Simple; enfin concluaient les compagnies Saint-Pierre-le-Puellier, Porte de La Riche, Grand-quartier de la Riche et Petit-quartier de La Riche. Cela correspondait vaguement à un regroupement des quartiers de Tours en trois circonscriptions : la première se trouvant au nord, la seconde au sud, la troisième à l'ouest.
Deux exceptions : en 1783 et 1784 il y eut quatre « jours de Milice ». On avait essayé de grouper les compagnies-quartiers voisines :
« Compagnies Colonelle, Saint-Saturnin, Porte-Neuve; Compagnies Saint-Pierre-des-Corps, Saint-Symphorien, Saint-Etienne;
Compagnies Saint-Simple, Saint-Eloy, Saint- Pierre- Le- Puellier, Compagnies Porte de La Riche, Grand et Petit-quartier de La Riche (40).
Tout inscrit sur les listes des officiers de bourgeoisie se trouvait convoqué un jour précis, selon sa compagnie. Les jeunes gens, le jour indiqué, se regroupaient, à cinq heures - précisaient les ordonnances municipales - devant la porte de leur capitaine de compagnie qui les conduisait en grand uniforme à l'Hôtel de Ville où devait se dérouler le tirage. Étaient tenus de s'y rendre aussi, les miliciens des 6 dernières années pour que le subdélégué constate leur existence (41).
Pour que les opérations se déroulent dans le calme, on interdisait l'usage des cloches « sous prétexte de tirage »; on convoquait la maréchaussée et on demandait aux miliciables de se présenter « sans arme et sans bâton sous peine de prison ou d'être déclaré milicien » (42).
Un assujetti pouvait se faire représenter par un homme ou une femme qui tirait à sa place. Si le sort le désignait il était tenu dans le plus bref délai possible de prévenir le subdélégué afin de recevoir « un certificat du sort » sinon on le considérait comme déserteur de la milice (43).
Une fois assemblés les garçons répondaient à l'appel fait par le subdélégué à l'aide des listes établies par les officiers de bourgeoisie. Le représentant du pouvoir vérifiait alors si les absents avaient une excuse légitime. Sur les procès verbaux le mot « infirme » recouvre souvent la mention « à l'infirmerie » comme si on voulait exempter les malades afin d'éviter les complications (44). Ensuite ceux qui se prétendaient exemptés étaient examinés par un médecin ou un chirurgien (que l'on avait adjoints aux préposés de la milice en 1765) (45). L'expert établissait un certificat mais le requérant payait 10 sols la consultation et 5 sols le certificat. Si après le tirage un milicien demandait sa décharge, il devait payer 50 livres, sur lesquelles on prenait les frais de la visite, et était mis en prison (46).