Mémoire sur les prisonniers de la religion qui sont dans les prisons de Niort avec des notes des accusations et des preuves par chacun d’eux en particuliers.

Pierre GRANET, meunier du moulin de la Guillaunière, paroisse de Saint Pierre de Melle, appartenant à Monsieur le Comte de la Villedieu, a été arrêté à Melle et conduit dans les prisons de Niort.
Il est insisté au procès que le nommé BONNET qui prêcha o la première assemblée qui se fit dans l’emplacement du temple de Melle, passa en allant prêcher chez le dit GRANET, qu’il y déjeuna et qu’ensuite il fut par lui conduit dans le dit emplacement. Deux témoins déposent que le dit GRANET y fit la lecture et un troisième le désigne, que le dimanche auparavant, il alla à une assemblée dans les bois de Melle, et a été à plusieurs autres. C’est chez lui, que jean MICHEAU pendu à la Mothe fut arrêté. Ce dit MICHEAU fut convaincu de faire le négoce de conduire les sujets du roi en Angleterre.

Jean MARTIN, il est insisté qu’il a prêché dans une grange au village de la Chénée, au lieu de Château Gaillard près de Benêt, dans l’emplacement du temple du dit Benêt, qu’il a fait plusieurs blasphémés dans les sermons contre l’eucharistie, tourné en dérision les mystères de l’église et mal parlé aux prêtres. Un témoin dépose qu’il avait dit : « Dieu veille qu’en peu de temps nous nous baignons dans le sang des catholiques », c’est lui qui avait annoncé une assemblée dans l’emplacement du temple de Niort, et qui y fut arrêté la veille qu’elle y devait tenir.
Louis BUREAU, un témoin l’a vu prêcher quantité de fois, mais c’est avant qu’il fût fait prisonnier. La première fois, plusieurs disent savoir par bruit public qu’il fait profession de prêcheur. Il a enterrer un des ses enfants âgé de quatre à cinq ans dans non jardin sans l’avoir présenté à l’église pour y être inhumé. Il convient dans son interrogatoire d’être relaps et faire actuellement profession de la religion huguenote.
Jean NOUSILLE, il est insisté qu’il a fait la lecture dans l’assemblée tenue à Château Gaillard près de Benêt et dans l’emplacement du temple du dit Benêt. Son père est un des plus grands faiseurs des assemblées, recevant chez lui les prédicants.
Pierre INGRAND a été arrêté par le Prévost de Poitiers en allant à la première assemblée de Couhé. Il est insisté qu’il était à l’assemblée de Lusignan, qu’après qu’elle fut finie, il monta dans la chaire pour y descendre le drap vert dont elle était ornée, que la dite chaire fut ensuite portée dans sa maison qui touche au dit emplacement, mais depuis qu’il est en prison, sa femme a fait trouver de bonne grâce la dite chaire qui fut publiquement brûlée par les dragons dans le dit emplacement.
Pierre MINAULT, a été arrêté allant à la première assemblée de Couhé, par le Prévost de Poitiers, un témoin dit l’avoir vu dans l’assemblée de Lusignan.
Pierre SUSSET, un témoin ouï dans l’information faite par Monsieur GESBIN (qui ne sert que de mémoire) dit lui avoir vu faire la lecture dans l’assemblée venue du bois de Mr de la Quessonnière près Rom. Dans l’information juridiquement faite par le Sieur CHEBROU, il n’y a aucune charge. Il rapporte un certificat du curé de Lusignan comme il a fait son devoir et est bon catholique.

 

Envoyé par Monsieur le Sénéchal de Fontenay contre lequel il n’y a aucune preuve

Etat de ceux qui ont été pris en flagrant délit dans l’assemblée tenu le deux avril mil sept cent dix neuf dans l’emplacement du temple de Mougon.
Michel VASCHER, recouvreur, âgé de trente neuf ans, du village de Varou, paroisse de Souvigny, il n’y a rien de particulier.
Pierre LECOMTE, âgé de trente cinq ans, laboureur demeurant à la Couture, paroisse d’Aigonnay, un témoin dépose l’avoir vu dans les assemblées, commencer ou entonner les psaumes indiqués, il a répondu dans un de ses interrogatoires qu’il souffrirait plutôt la mort que de déclarer, ceux qu’il a vu prêcher, faire des lectures, ou assister aux assemblées. Il avait un frère parti en Angleterre qui était lecteur de profession. Son père avec lequel il demeure reçoit les prédicants.
François DURIVAU, journalier, âgé de quarante huit ans demeurant au Ratou, paroisse de Souvigné, il n’y a rien de particulier.
Pierre BOUNAU, âgé de trente cinq ans, valet domestique dans la métairie de Mr THIBAULT, paroisse de Saint Pierre de Melle. Il n’y a rien de particulier.
Jean MOUCHET, filasier, âgé de vingt ans, du village de Bagnau, paroisse d’Exoudun, dans son premier interrogatoire il était dit de la Fond de Cé de Lusignan. Il n’y a rien de particulier contre lui.
Louis FAUCHER, âgé de vingt sept ans, valet domestique à Mr THIBAULT, paroisse de Saint Pierre de Melle, il n’y a rien de particulier.
Jacques NAUDIN, âgé de vingt huit ans, valet domestique à la Baillère paroisse d’Aigonnay. Il n’y a rien de particulier contre lui.
André GASCON, journalier demeurant à Soignon, paroisse de Saint Martin de Saint Maixent, âgé de cinquante six ans, il n’y a rien de particulier sinon que c’est un véritable huguenot.
François MICHAU, âgé de quarante huit ans, tisserand, demeurant au village de Gros Bois paroisse de Praille. Il n’y a rien de particulier sinon qu’il a surtout vécu dans la religion huguenote.
Jean REPIN, valet domestique de Jean BRICOU, demeurant à la Fontaine, paroisse de Vitré. C’est un jeune enfant.
Grançois BRIGAULT, âgé de trente ans, sargetier, demeurant à Argentière paroisse de Praille, se disant de la religion huguenote, il a été blessé d’un coup de feu à la poitrine, ce qui est une présomption notoire qu’il était du nombre de ceux qui chargèrent les troupes du Roy. Il parait même en convenir dans un de ses interrogatoires. Un témoin la vu plusieurs fois aux assemblées. C’est un grand menteur.
Pierre FAUCHER, laboureur demeurant à Mougon, âgé de soixante et dix ans, il est allé à toutes les assemblées qui se sont faites à Mougon, il n’a jamais fait abjuration de l’hérésie. Il supplie le Roy et son Altesse Royale dans un de ses interrogatoires de lui pardonner son crime en considération de ce qu’il a porté pendant vingt deux ans le mousquet dans le régiment de Picardie.
Jean PETIT, boulanger, âgé de trente neuf ans, demeurant à Bagnau, paroisse d’Exoudun. Il n’y a rien de particulier contre lui.
Pierre GASCON, journalier, âgé de quarante et un ans, demeurant à Soignon paroisse de Saint Martin de Saint Maixent, a déclaré être huguenot et n’avoir jamais embrassé la religion catholique.
Jean FERRE, ou FERREAU, laboureur, âgé de quarante six ans, demeurant à la Chesnay, il est justifié qu’il a été à d’autres assemblées. Au surplus il n’y a rien de particulier contre lui.
Jean FOURNIER, âgé de cinquante et trois ans, valet de Charles VINCENT, demeurant à la Chesnay, paroisse d’Aigonnay, il prétend être venu à Mougon pour y recevoir de l’argent qui lui était dû et n’avoir point été à l’assemblée. Un témoin a déposé l’avoir vu plusieurs fois dans d’autres assemblées.
François CHARNIER, âgé de trente ans, laboureur demeurant à Chaunay. Il prétend n’avoir point été à l’assemblée mais bien pour y avoir un frère qui était valet chez le nommé MOUSET.
Paul MOISAN, âgé de cinquante huit ans, filasier, demeurant à Goux. Il est sourd. Il prétend être venu à Mougon pour y acheter du bled au curé, et qu’il n’alla point à l’assemblée. Un témoin dépose l’avoir vu à plusieurs autres assemblées. A déclaré qu’il a été baptisé au prêche. Qu’il ne renonce point à son baptême, qu’il n’a point abjuré sa religion et qu’il la veut surtout suivre.
Gédéon BRUNELA, âgé de vingt six ans, laboureur demeurant au Cluseau, paroisse de Praille. Il est justifié qu’il est allé à plusieurs assemblées. Il a déclaré qu’il ne nommerait jamais ceux qui ont prêché, fait des lectures où assistés aux assemblées.
Pierre CAILLON, âgé de vingt et un ans, laboureur, demeurant à Chaunay. Il est mort dans les prisons.
Pierre AYME, âgé de vingt cinq ans, domestique à la métairie du cimetière, paroisse de Baussais. Il n’y a rien de particulier.
Daniel RENOU, âgé de quarante ans, journalier, demeurant à Grosbois, paroisse de Praille, a déclaré qu’il était huguenot et c’est un des plus ferme et des plus grand meneur.
Les trois enfants d’un nommé CHANSAC, de Saint Martin de Melle, envers les catholiques ont démolis les murs de l’emplacement de temple de Melle pour y faire entrer le peuple
Le nommé Louis DESMIER, de Benêt, lecteur et quêteur.

Etat des plus grands pernicieux qui ne sont point arrêtés

BERTHELOT, prédicant déjà condamné aux galères par contumace. Il est l’auteur de tous les mouvements.
Le Nommé MARBOEUF, dit la Montagne, prédicant, il a fait plusieurs voyages en Angleterre.
Le nommé BONNET, prédicant qui a de la réputation.
Le nommé POTET, prédicant.
Le nommé GADAU, prédicant.
Le nommé DUBREUIL, prédicant.
Le nommé DUROUIL, prédicant.
Le nommé Jacques D’AUBAN, fameux prédicant.

La contumace va être instruite contre ces neuf particuliers

Le nommé BELIN, dit le pie, sargetier, demeurant à Pamproux, c’est un lecteur de profession et très dangereux.
Jean SOULICE, de Benêt, autre particulier de profession et très pernicieux.
Daniel BRICOU de Montaillon paroisse de Mougon, homme pernicieux. On l’accuse même de prêcher et d’avoir fait prêcher chez lui. Il es justifié qu’il a assisté à plusieurs assemblées.
Jean FLEURY, a fait la lecture à la première assemblée venue dans l’emplacement du temple de Mougon. Louis PERAU, de Thorigni, a quêté dans la dite assemblée.
Jean SABOURIN, de Souché a aussi quêté dans la dite assemblée. On le charge de faire arrêter les quatre derniers et Monseigneur l’Intendant le juge à propos.
Le nommé LAVAU, sargetier de Saint Maixent a lu la lecture dans une assemblée de Saint Maixent.
Le nommé DECEMME, demeurant au village de Louberie, paroisse de Saint Pierre de Melle a fait la lecture dans des assemblées tenues dans l’emplacement du temple de Melle.

 

Archives départementales de la Vienne - C58