Un acte pas banal retrouvé dans un registre de Chaunay.

Monseigneur Dubois, Archiprêtre et Curé de Chaunay est confronté en 1791 à la demande de Guillaume RIFFAULT de procéder à son mariage avec la demoiselle Geneviève ..., femme de couleur.
Opposé à ce mariage, il publie cet acte dans le registre paroissial, en date du 10 Juillet 1791, dans lequel il refuse de " consentir ou de coucourir au dit mariage ".
Mais 1789 êtant passé par là, et la validité du arrêt du Conseil d'État du Roy êtant pour le moins remise en cause, il se voit obliger néanmoins de procéder au baptême de leur enfant, Joseph, né à Chaunay le 21 Janvier 1792.
Dans cet acte, il reconnait que cet enfant est "né du légitime mariage de Guillaume RIFFAUD tailleur d'habits et de Geneviève LINGÈRE" (patronyme dérivé de son emploi).
Ont été parrain et marraine Joseph JOURDAIN secrétaire de la municipalité et Céleste JOZEAU qui ont signé avec le Père DUBOIS curé de Chaunay.

 

Si Geneviève n'est pas reconnue dans son patronyme, peut-être est-ce du à son statut d'esclave ?

Ce mariage semble donc bien avoir eu lieu !

adv-1786-1792-77

Source : ADV - 1786-1792 : page 77/97

Traduction :
Le dix Juillet Mil Sept Cent Quatre Vingt Onze, j'ai délivré (le) Certificat de Publication des bans du futur mariage entre le Sieur Guillaume RIFFAULT, tailleur d'habit, fils majeur et légitime
de feu Jean RIFFAULT et de déffunte Françoise BONNIN, d'une part, et de Demoiselle Geneviève .........., lingère, d'autre part, tous deux de cette paroisse.
En protestant que pour le dit certificat, je n'entends ni concourir, ni consentir au dit mariage, attendu la défense faite à tous français d'épouser des gens de couleur par l'arrêt du Conseil d'État du Roy du cinq Avril Mil Sept Cent Soixante Dix Huit, laquelle protestation j'ai inséré dans le certificat que j'ai délivré à la dite Demoiselle Genviève, fille de couleur.
Signé : Dubois, Archiprêtre de Chaunay.

 

 

Voici le texte de cet arrêt :

 

Arret du conseil du Roi

Sa Majesté étant informée que le nombre des Noirs s'est tellement multiplié en France, qu'on enlève journellement aux Colonies cette portion d'hommes si nécessaires à la culture des terres, dont le séjour dans le Royaume, et surtout dans la Capitale, cause les plus grands désordres, et qui, lorsqu'ils retournent dans les Colonies y portent l'esprit d'indépendance et d'indocilité et y sont plus nuisibles qu'utiles, Sa Majesté a pensé qu'il étoit de sa sagesse de déférer aux sollicitations des Habitants des Colonies, en défendant l'entrée du Royaume à tous les Noirs.

Sa Majesté a ordonné en outre que tous les Noirs, Mulâtres, ou autres Gens de couleur qui seroient amenés dans son Royaume, ou qui pourroient s'y introduire, seront arrêtés et conduits au Port le plus prochain pour y être rembarqués.

Sa Majesté étant de plus informée que quelques uns des Noirs de l'un ou l'autre sexe qui se trouvoient en France avant ladite Déclaration, se sont proposés de contracter mariage avec des Blancs, ce qui seroit contre le bon ordre de tolérer: ouï le rapport, le Roi étant en son Conseil, a fait et fait défenses à tous ses Sujets Blancs de l'un et l'autre sexe de contracter mariage avec les Noirs, Mulâtres ou autres gens de couleur.

Fait au Conseil d'Etat du Roi, Sa Majesté y étant,
Tenu à Versailles le 5 avril 1778.

Signé: DE SARTINE