Extraits du Portefeuille des Dames

Bandit de petits chemins

TRIBUNAL CRIMINEL
Du 18 Brumaire.
Jugement qui condamne à la peine de mort un nommé Demois, des environs de Chinon, convaincu d'avoir attaqué les voyageurs sur les chemins, dans l'intention de les voler, même d'assassiner. Cet homme s'était dégoûté, depuis quelques années, des travaux de la campagne ; il dormait le jour et passer les nuits à voler les bois, les fruits de toute espèce, sur les propriété de ses voisins ; il avait attaqué, le soir, les passans (sic) pour les voler ; mais il n'avait pu y parvenir ; ils s'étaient défendus et avaient pris la fuite. Il avait associé à ses crimes sa femme et son enfant âgé de huit ans ; il était devenu le fléau de son canton. La loi punit en ce cas la tentative comme l'effet même. Un jugement du tribunal de Tours, qui avait été cassé par un défaut de forme, l'avait aussi condamné à mort.
Portefeuille des Dames, n° 6, du 30 brumaire an 8, page 5 du suppl.


Exécution

TRIBUNAUX
Le 11 (nivôse an 8), a péri sur l'échafaud un malheureux convaincu d'avoir arrêté sur un grand chemin, et commis plusieurs déprédations dans les héritages voisins de sa demeure. Ces derniers faits n'entraînaient que peine correctionnelle, s'ils étaient sans escalade ; le premier même, étant isolé, n'eût pas suffi pour légitimer, du moins aux yeux de l'humanité, sa fin cruelle ! Mais ce malheureux avait un fils, enfant encore, qu'il menait avec lui : cette dernière circonstance était affreuse. Quelle terrible leçon pour cet être infortuné ! Elle est écrite avec le sang de son père. S'il était vrai cependant qu'elle vint à s'effacer, on ne sait que trop avec quelle facilité se dissipent les impressions les plus sinistres. C'est une vapeur plus sombre, mais elle s'éclaircit peu-à-peu, et les yeux qu'obscurcissent d'abord la douleur et la honte, on les voit briller bientôt d'un nouvel éclat, sourire à des illusions, quelque fois au crime. Si le père, attaché à une chaîne, traînant un boulet, travaillant sur les grands chemins, dans les carrières, au dessèchement des marais, réparant par ses sueurs, expiant par ses douleurs, et peut-être par ses remords, ses fautes envers la société ; si, dans cet état d'une misère instructive, il eût été montré à son fils, la leçon eut été répétée tous les jours, le temps eut gravé cette dernière leçon ; mais il peut détruire la première. La peine de mort doit-elle être abolie ? C'est un des problèmes de la législation et le vœu de l'humanité ; mais quand les malheurs de Véronne n'ont été que déplorés, cette impunité célèbre semblait un brevet de grâce pour les petits frippons (sic).
Portefeuille des Dames, n° 11, du 20 nivôse an 8, page 4 du suppl.

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Extraits des Affiches du Poitou

Triplés à Savigné.

De Chaunay, le 4 janvier. Une jeune femme du village de la Sèpe, paroisse de Savigné, près Civray, est accouchée, il y a quelques jours, de trois enfans bien constitués, deux garçons & une fille, qui ont reçu le Baptême ; la fille est morte, les deux garçons jouissent d'une bonne santé, & promettent de vivre.
Affiches du Poitou, n° 2, du 13 Janvier 1774, page 7.

Savigné : BMS_1765-1774, p. 98
Le vingt deux décembre mil sept cent soixante treize ont étés baptisés Marie, Jean et Pierre, tous trois gemaux, nés du même jour du légitime mariage de Pierre Courtois et de Jeanne Chamboin. Le parrain de Marie a été Jean Guinot et la marraine Marie Barbarin. Le parrain de Jean a été Jean Courtois et la marraine a été Marie Tribot. Le parrain de Pierre a été Pierrre Brun et la marraine Françoise Courtois, qui ont tous déclarés ne savoir signer, à l'exception de Jean Courtois.
Signatures : Jean Courtois et Monfrebeuf, vicaire.

Commentaire : Il s'agit du village de Seppe, commune de Savigné.
L'inhumation de Marie n'a eu lieu ni à Savigné, ni à Chaunay.
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La moutarde de St-Maixent

VARIETE
On sait combien la ville de St-Maixant est célèbre pour sa moutarde. Un voyageur s'y étant arrêté il y a quelques jours pour y dîner, étoné de ce qu'on ne lui en servoit pas, en demanda ; l'Aubergiste répond qu'il n'en a pas dans ce moment ; « j'en veux absolument », dit l'étranger, « qu'on m'en cherche ». On court chez tous les faiseurs : point de moutarde ; le voyageur qui étoit un plaisant, après son repas, va chez un Notaire, & lui demande acte, comme dans une pareille raison, St-Maixant se trouvoit sans moutarde. Le Notaire vit bien qu'on vouloit le jouer & répandre du ridicule sur sa ville ; cependant il se promit intérieurement de se venger du plaisant ; il dresse l'acte, après être sorti un moment de son cabinet sous quelque prétexte, & avoir envoyé un Huissier à l'Auberge saisir le cheval & les équipages du voyageur ; on signe l'acte, le Notaire dit qu'il va en faire l'expédition ; l'étranger sort, & à son retour à l'Auberge est bien étoné de trouver son cheval & ses équipages saisis. Il revient chez le Notaire, qui convient qu'il étoit l'auteur de la saisie pour la sûreté de ses droits, parce qu'il ne le connoissoit pas, que cet acte étoit assez cher, & qu'il ne donneroit main-levée qu'en recevant un louis. Le voyageur, pressé d'ailleurs de continuer sa route, insista peu, parce qu'il vit qu'il étoit joué à son tour, comme il le méritoit. Il donne le louis, reçoit la main-levée de ses effets et part. On rit beaucoup aux dépens du voyageur, & le louis fut envoyé à l'Hôpital.
Affiches du Poitou, n° 8, du 23 février 1775, page 35.
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Généalogie

Addition au Mémoire sur les Seigneurs de Champdeniers, en Poitou (Suite de l'article du 22 décembre 1774).
Familles de Champdeniers, de Chaunay, de Rochechouard, Brochard …
Affiches du Poitou, n° 5, du 1er février 1776, page 17.
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Les voies romaines de Rom

Extrait d'une Lettre des environs de Sauzé.
Il y a dans cette contrée deux anciens chemins que l'on soupçone être un ouvrage des Romains ; l'un que les paysans appelent le chemin chaussé, ou le chemin ferré, ou le chemin de Caesar, commence entre les Minieres & Vivône, passe à Rom, Ste Soline, Maisonais & Briou. Tantôt c'est du cailloutage, tantôt c'est une espece de pierres mélangées de chaux, le tout encastré entre deux rangées de pierres debout. L'autre chemin, qui est de la même construction, est entre ledit lieu de Rom & Chenais, sur la route de Limoges à Nyort. C'est là que passe le Messager, & tous les sels que l'on voiture pour le Limousin & le Berry. Ces deux chemins ont chacun un pont dans le bourg de Rom, que l'ont vient de rétablir par les soins de M. Crossard, Archiprêtre du lieu. On croit que le premier chemin étoit autrefois celui de Paris à Bordeaux. On prétend même qu'il est plus court que celui que l'on suit aujourd'hui. Il seroit intéressant d'en rechercher les traces depuis une extrémité jusqu'à l'autre.
Affiches du Poitou, n° 5, du 1er février 1776, page 18.
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L'enfant et le loup

Des environs de Mirebeau, 23 Décembre (1775)
Un enfant de 5 ans, d'un paysan de cette contrée, fut il y a quelques jours, avec d'autres enfans plus âgés que lui, pour garder des bestiaux auprès d'un bois. Il se sépara d'eux, & s'égara dans le bois où la nuit le surprit. Il s'endormit au pied d'un arbre, & en se réveillant, il aperçut près de lui deux chandeles, (ce sont ses expressions) & une grôsse bête prête à s'élancer sur lui ; c'étoit un loup, que le cri qu'il fit, fit éloigner. L'enfant erra long-temps, parvint enfin dans la plaine ver le jour, il fut rencontré ; il eut de la peine à se faire reconoitre, & on le conduisit à ses parens qui étoient très-inquiets.
Affiches du Poitou, n° 1, du 4 janvier 1776, page 3.
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