La grande peste à Niort 1603
Depuis l'an 1599, la ville de Niort, appauvrie de population et de richesse, se débattait sous les rudes étreintes des agents du fisc qui, sans pitié pour un demi-siècle de spoliations, de violences, d'incendie et d'exil, cherchaient à remplir les coffres du roi, en extorquant les dernières oboles que le peuple possédait encore. Déjà, en 1601, écrasés sous le poids des subventions, des subsides, des tailles, des taillons, des crues, etc..., impôts empruntant tous les noms et toutes les formes, les Niortais, à l'heure du désespoir, avaient résolu d'abandonner leur cité : des députés choisis par le corps de ville se rendirent près du roi Henri IV et lui firent part de leur triste projet, à genoux et en implorant sa miséricorde. C'eût été un spectacle unique dans les fastes de notre histoire et effrayant à briser le cœur, que de voir la population entière de la seconde ville du Poitou abandonnant ses foyers et fuyant la mendicité à laquelle l'avaient condamnée les receveurs des tailles et les trésoriers généraux du roi. C'est ainsi qu'à une autre époque, au milieu des horreurs de la guerre civile du XVIe siècle, une grande partie de la population Niortaise s'enfuit en désordre vers la Rochelle, traînant à sa suite des femmes, des enfants, des vieillards et des charrettes chargées de meubles, de telle sorte, disent les historiens, que les routes étaient encombrées. Mais en ce temps-là, les habitants de notre cité fuyaient le pillage, l'incendie et la mort, tandis qu'en 1601, ils voulaient fuir la misère, cent fois plus terrible que les plus terribles désastres.
Les Niortais ne mirent point à exécution leur sinistre dessein : le roi eut pitié d'eux. Les subventions arriérées montant a 5,200 écus furent réduites à 1,700 écus ; mais on établit un nouvel impôt de 3,000 livres ; puis les trésoriers généraux et les receveurs du fisc, sans égard pour les remises faites par un commissaire du roi, voulurent contraindre les habitants à payer les subventions arriérées des années 1599, 1600 et 1601, et une subvention de 1,700 écus pour 1602, ce qui élevait cette réclamation à 6,900 écus, soit 55,269 fr. de notre monnaie.
Pour les forcer à payer les impôts, on avait mis à plusieurs reprises les collecteurs en prison ; on avait saisi, au nom du roi, le droit de 6 deniers par livres sur le principal des tailles de l'élection, droit spécialement destiné à l'entretien du canal de la Sèvre ; enfin on avait saisi le domaine de la mairie : les habitants étaient consternés. Le corps de ville, sans argent et sans ressources, empruntait 25 écus pour les dépenses urgentes de l'administration municipale, et, cependant, dans le cours du siècle précédent, la commune riche et populeuse élevait avec orgueil une bourse du commerce et construisait un hôtel de ville sur les ruines de celui qu'elle avait autrefois bâti dans le XIVe siècle. En 1603, les églises de Saint-André et de Notre-Dame étaient mutilées ; la dévastation avait atteint l'hôtel de ville; la plupart des maisons bourgeoises étaient vides d'habitants et noircies par le feu. Tous les désastres avaient accablé notre malheureuse cité. Un seul l'avait épargné : mais la colère de Dieu l'avait marquée au front. Elle devait être dévastée par le fer et par le feu, par la misère et enfin par la peste ; car la peste vint. Cruelle, inexorable, elle empoisonna l'air de son souffle infect, et pendant sept mois, elle tua sans relâche.
Ce n'était pas la première fois que la peste avait visité la ville de Niort ; nous retrouvons des traces de son passage dans le XIVe, dans le XVe et dans le XVIe siècle; les maladies contagieuses devaient fréquemment désoler notre cité. En effet, le quartier le plus commerçant, le plus populeux, était assis sur un ancien marais mal desséché, dont le sol peu élevé était sujet aux inondations. Au centre de ce vallon humide, s'étendaient des halles couvertes, aux voûtes surbaissées, qui servaient de point d'appui au premier étage des maisons voisines, de sorte que l'air et la lumière pénétraient difficilement sous ce vaste hangar ; et c'était là, cependant, qu'étaient établis les deux boucheries, la poissonnerie et le commerce des cuirs. De plus, les halles étaient côtoyées par le canal du Merdusson, réceptacle de débris infects d'animaux et de végétaux, d'immondices de toute espèce qui fermentaient pêle-mêle et répandaient dans l'atmosphère des miasmes pestilentiels. Ce canal, creusé à ciel ouvert, dans le but de donner un écoulement aux eaux abondantes qui envahissaient la rue du Minage, avait son ouverture sur une petite place située devant l'hôtel des Trois-Pigeons, vers l'extrémité des halles. Il passait vis-à-vis l'hôtel du Cheval-Blanc, suivait la rue du Merdusson qui alors était le cours du canal, traversait les fossés nord-ouest du château, et aboutissait à la rivière près de la tour de la Grenouille.
Les fumiers gisaient épars dans les rues qui n'étaient point encore pavées. Les pourceaux vaguaient librement : le commandeur de Saint-Antoine de la Lande avait le droit de mettre dans les rues un certain nombre de ces immondes animaux, à la condition de leur attacher au col une clochette.On élevait un grand nombre de pigeons ; enfin les foulons de drap exerçaient leur profession dans les quartiers les plus fréquentés.
L'état de la ville était d'une insalubrité révoltante. Cette situation avait peu changé dans le XVIIIe siècle, puisque l'intendant du Poitou écrivait dans un rapport daté vers 1730 que l'étymologie de nid hord, c'est-à-dire lieu sale, malpropre, convenait parfaitement à la ville de Niort.
C'était donc en 1603. La foire de mai avait attiré A Niort une foule d'étrangers. Sous les halles, les marchands venus d'Orléans, de Tours, de Laval et de la Rochelle, étalaient leurs draps et leurs toiles. Des marchandises de toute nature garnissaient les bancs de pierres situés en dehors des halles ; ces bancs se prolongeaient sur les deux côtés de cet immense édifice.
La place du Vieux-Marché suffisait à peine pour contenir les chevaux, les mulets, les bœufs et les autres animaux exposés en vente. Les marchands et les acheteurs circulaient péniblement au milieu de cette masse compacte d'hommes et d'animaux. Le trop plein refluait dans les rues étroites qui débouchaient sur la place.
La foire devait durer quinze jours. Elle avait commencé le 6 mai, et le soir, après que les trois portes de la ville eurent été fermées, que les clefs eurent été déposées chez le maire, ce magistrat, en sa qualité de capitaine de la ville, accompagné de quatre échevins et de deux sergents-gagés, fit, selon l'usage, une ronde par toute la ville, pour préserver les marchands des entreprises des voleurs et des escrocs qui se donnaient volontiers rendez-vous au temps des foires. Depuis une demi-heure, le couvre-feu était sonné, et la patrouille bourgeoise longeait silencieusement les halles, lorsqu'elle entendit des cris étouffés qui partaient de l'hôtel de l'Hercule, situé près du Four-Noir; la patrouille s'arrête : tout-à-coup, la porte de l'Hercule s'ouvre, et un homme se précipite dans la rue. Que se passe-t-il donc dans votre maison, Me Christophe Jouyneau, s'écrie le maire Etienne Savignac ? Notre présence est-elle utile pour faire cesser ce tumulte inaccoutumé ?
- Messeigneurs, reprit Jouyneau, c'est un marchand de la Rochelle que nous venons de trouver étendu dans sa chambre : il ne donne plus signe de vie. Je cours chercher le chirurgien, Me François Landrault.
- Allez donc, et cependant nous entrerons dans votre hôtel, Me Jouyneau, pour constater, s'il y a lieu, la mort subite de ce marchand.
Le maire, les échevins et les sergents-gagés se dirigent vers l'hôtellerie et sont bientôt introduits dans la chambre du moribond. L'appartement était vaste et vivement éclairé par la lumière des cinq torches que portaient les gens de la patrouille. Là s'étaient réunis en désordre les habitants de l'hôtellerie qui, à peine revenus de leur effroi, se communiquaient à voix basse quelques réflexions sur l'événement qui troublait le sommeil des hôtes de l'Hercule. Au milieu de la chambre gisait le cadavre du marchand de la Rochelle.
Me François Landrault ne se fit point attendre. Il gravit précipitamment les escaliers ; il entre suivi de Me Jouyneau. D'un coup d'oeil il a juge la maladie: "C'est une attaque d'apoplexie, dit-il, qu'on déshabille promptement cet homme, il faut le saigner." Deux valets s'empressent d'exécuter ces prescriptions : ils arrachent la veste du malade, lui enlèvent sa chemise et laissent le buste à découvert. Cependant le chirurgien a déployé sa trousse, préparé les ligamens ; il s'approche à son tour, se met à genoux, se penche sur le corps ; il avance la main pour le toucher. Mais tout-à-coup il reste immobile, il parcourt d'un œil effaré cette poitrine couverte de taches noires, ce visage décomposé ; il se lève vivement, et, les cheveux hérissés, il laisse échapper de sa poitrine ces mots terribles : "C'est un pestiféré !" A ces paroles répondent des cris d'épouvante ; tous se précipitent comme des insensés hors de cette chambre fatale, et, deux heures après, l'hôtel de l'Hercule était vide d'étrangers. Chacun des spectateurs de cette scène étrange avait le plus grand intérêt à garder le silence. En effet, si cette nouvelle se propageait, l'hôtellerie de Me Jouyneau était discréditée ; les hôtes de l'Hercule, tous marchands étrangers, étaient mis a l'index ainsi que leurs marchandises, les halles devenaient bientôt désertes, et les profits que la foire procurait aux marchands et aux habitants de Niort allaient entièrement cesser. Le maire lui-même, dans l'espoir que la contagion ne se répandrait point dans la ville, recommanda le secret, fit enterrer le pestiféré sans éclat et sans cérémonie, ordonna de fermer la chambre qu'il avait habitée, et il crut avoir pris toutes les précautions que réclamait la santé publique. Mais les anciens hôtes de l'Hercule s'étaient dispersés dans les diverses auberges de la ville ; Me Jouyneau avait renvoyé les deux valets qui avaient touché le corps du pestiféré ; ceux-ci parcouraient les rues en liberté, hantaient les tavernes et se mêlaient à la foule qui encombrait les halles et le vieux marché.
Deux jours après, la peste se déclarait à la fois dans les hôtelleries et dans les maisons bourgeoises. La contagion se développait dans des proportions effrayantes. Les étrangers abandonnaient la ville en toute hâte. Les transactions commerciales avaient cessé. Niort si gai, si brillant le 6 et le 7 mai, était plongé, quatre jours plus tard, dans la stupeur et dans le désespoir. Les habitants fuyaient dans la campagne et tombaient frappés du trait empoisonné qu'ils croyaient avoir évité en abandonnant leurs foyers.
Le 14 mai, les échevins et les pairs se réunirent à l'hôtel de ville, sous la présidence du maire Etienne de Savignac, sieur du Vieux-Fourneau ; à cette assemblée assistèrent Jehan Maignen, écuyer, sieur d'Aille, lieutenant-général du sénéchal à Niort, Aulbin Girault, écuyer, sieur des Gourfailles, lieutenant-particulier, Jacques Devilliers, procureur du roi, 13 échevins et 17 pairs.
Me François Barbade, procureur-syndic de la commune, annonça qu'il avait été averti par quelques-uns des maîtres chirurgiens et apothicaires de la ville, que plusieurs habitants étaient naguère décédés par le moyen du mal contagieux, et que d'autres habitants étaient tourmentés dudit mal, et que, comme c'était une chose à laquelle il fallait remédier promptement pour éviter un plus grand péril, il suppliait et requérait l'assemblée de délibérer sur ledit fait.
Les maîtres chirurgiens furent appelés et firent un rapport de tout point identique avec les remontrances du procureur syndic.
Alors l'assemblée délibérante arrêta : Qu'il serait ordonné à tous les habitants de faire enlever les immondices et les fumiers épars dans les rues et dans les maisons, le plus promptement que faire se pourrait, sous peina de 10 livres d'amende ; Qu'il serait enjoint aux pauvres étrangers de sortir de la ville ; s'ils n'obtempéraient pas à cette ordonnance, ils seraient immédiatement chassés.
Tous les jours, le maire choisira six habitants qui seront répartis à chacune des trois portes de la ville, dont ils refuseront l'entrée aux pauvres étrangers. Néanmoins les gardiens des portes feront des aumônes à ces pauvres, ainsi qu'ils le jugeront convenable. Les habitants se cotiseront pour subvenir à cette nouvelle charge ; Me Jacques Chargé et Hiérome Sachier, échevins, Pierre Sabourin et Jehan Bernier, pairs, sont chargés de recueillir les offrandes et de les verser entre les mains de ceux qui seront placés aux portes.
Si le mal contagieux s'augmente et pullule, on donnera commission à Samuel Courteneufve et Philippe Hucheloup, compagnons barbiers, de traiter et médicamenter, en ce qui dépend de l'art du chirurgien, les habitants qui seront atteints de la peste ; ils recevront des gages raisonnables, et, pour les récompenser de leur dévouement, ils seront reçus maîtres chirurgiens sans examen, pourvu qu'ils soignent les malades pendant le cours de la contagion. Les maisons des pestiférés seront fermées de clefs et de cadenas ; on fournira des vivres aux malades. Il leur sera défendu de fréquenter les autres habitants. L'hôpital sera blanchi et crépi à chaux et à sable. Les habitants qui ont des pourceaux dans la ville les feront enlever promptement, et s'ils n'obéissent pas à cette injonction, le procureur syndic saisira ces animaux, les fera tuer et en délivrera la chair aux pauvres. Les habitants ne conserveront dans leurs maisons ni chiens, ni pigeons. Cette ordonnance fut publiée par les carrefours et à cri public, avec injonction d'y satisfaire.
Ces mesures tardives et mal exécutées n'arrêtèrent point la contagion ; la peste accrut ses ravages de jour en jour. Les chirurgiens abandonnèrent la ville, ou refusèrent de soigner les pestiférés. Mais, au milieu des désastres publics, on voit toujours surgir en France des citoyens dévoués qui ne craignent pas d'affronter la mort pour sauver leurs concitoyens : nous devons enregistrer avec respect et avec reconnaissance les noms de ces jeunes compagnons barbiers-chirurgiens qui, pour un modique salaire de 15 livres par mois et l'espérance d'être reçus plus tard, sans examen, maîtres chirurgiens, vinrent s'offrir pour traiter les habitants de Niort atteints de la peste. C'est peut-être au dévouement de Samuel Courteneufve, Philippe Hucheloup, Abraham Cusson, Pasquet Gaultier et Emeri Racapé, que la ville de Niort doit de n'avoir pas été entièrement dépeuplée par ce terrible fléau.
Le 7 juin, les échevins, les pairs et les habitants de la ville se réunirent en assemblée générale. Il fut arrêté que défense serait faite aux habitants qui se tiennent dans les maisons pestiférées, à ceux qui fréquentent les malades et aux corbeaux qui portent les morts, de s'approcher des autres habitants de la ville. Il leur sera ordonné de porter une verge blanche à la main, afin qu'on puisse éviter leur rencontre. La même injonction sera faite aux chirurgiens qui soignent les malades.
Dorénavant les morts seront enterrés dès le matin, avant le lever du soleil, sans assemblée publique. On se pourvoira d'une grange hors de la ville, afin d'y transporter les habitants qui seront atteints de la peste. Le 11 juin, Nicolas Gallet, écuyer, sieur de la Roche, succéda comme maire à Etienne Savignac, sieur du Vieux-Fourneau. Le 13, le nouveau maire s'empressa de réunir le corps de ville, et, dans cette assemblée, on arrêta qu'il était nécessaire que les hommes chargés d'enterrer les pestiférés, vulgairement nommés corbeaux, fussent revêtus d'habits qui les fassent reconnaître, et qu'en conséquence on délivrerait à ces individus 12 habits, 12 casaques et 12 hauts-de chausses qui avaient été confectionnés vers 1592 pour habiller des pionniers.
Quel tableau présentait la ville de Niort, à l'époque désastreuse que nous décrivons. Des maisons fermées à clef et à cadenas, parce que là sont morts des pestiférés ; des maisons désertes, parce que la plupart des habitants ont fui devant la contagion ; des hommes à la figure pâle et effarée, parcourant les rues, un bâton blanc à la main ; le peu d'habitants qui n'ont point été atteints par la peste, osant à peine sortir pour chercher les vivres nécessaires à leur existence, évitant avec soin l'approche de tous ceux qui portent un bâton blanc. Et le matin, avant le lever du soleil, voyez, dans les rues solitaires, se glisser ces douze corbeaux revêtus de l'uniforme de pionniers ; voyez-les recueillir, dans des tombereaux, les corps de ceux qui sont morts pendant la nuit ; voyez les transporter, dans une grange hors de la ville, ceux qui respirent encore ; voyez-les cadenasser les portes des maisons dont tous les habitants ont été tués par la peste.
Mais n'oubliez pas qu'au milieu de cette consternation générale, au moment où chaque habitant redoute l'approche de ses amis, de ses parents, il existe, dans cette malheureuse cité, des hommes qui ne craignent pas de se réunir, souvent, dans un local peu vaste, au centre du foyer d'infection. Ce sont les officiers municipaux siégeant à l'Hôtel-de-Ville, planant, pour ainsi dire, sur les lieux où la peste sévit avec violence, et luttant avec courage contre le fléau qui décime les habitants de la ville. Fermes et bravant la mort, ils délibèrent avec sang-froid, sans précipitation ; les formes établies sont constamment observées, et le secrétaire, Me Pierre Roy rédige les procès-verbaux aussi tranquillement que s'il s'agissait d'un bail au rabais.
Honneur à ces citoyens énergiques qui ne cessèrent pas un instant de veiller à la sûreté et à la santé publique. Ils avaient fait, d'avance, le sacrifice de leur vie ; mais leur vie était trop précieuse : ils purent rendre encore longtemps des services à leur pays.
Estienne Savignac, maire de Niort jusqu'au 11 juin 1603, n'abandonna point la ville pendant le cours de la contagion. Il quitta sa maison du Vieux-Fourneau, située dans la campagne, pour venir partager les dangers de ses concitoyens. Le dévouement de son successeur, Nicolas Gallet, sieur de la Roche, excita une si vive reconnaissance que, par une honorable exception, ce maire fut réélu à l'unanimité et continué dans ces fonctions.
Parmi les échevins et les pairs qui assistèrent régulièrement aux diverses assemblées, où l'on prit des mesures contre la contagion, je citerai les échevins Jacques Pastureau, Symon Demairé, Philippe Chalmot, Pierre Rousseau, Laurens Chabot, Jacques Jacquelin, Loys Arnauldet ; et les pairs Jacques Manceau, Pierre Sabourin, Pierre Savignac, Benjamin Ferré, apothicaire, Noël Piet, André Hersant, Pierre Pelletier, Pierre Thibault, Jehan Bernier, Loys Viette, Jehan Dabillon, Sébastien Assailly, notaire, Jehan Texier et Pierre Roy.
Tous ces noms appartiennent à des familles qui ne sont point encore éteintes ; elles peuvent, à juste titre, s'enorgueillir de compter de tels hommes au nombre de leurs ancêtres.
La peste, qui avait envahi la ville de Niort, le 6 mai 1603, ne cessa ses ravages qu'au mois de décembre. Le corps de ville s'empressa de tenir la promesse qu'il avait faite aux compagnons barbiers qui avaient soigné les malades. Philippe Hucheloup fut reçu maître-chirurgien le 30 janvier 1604, Samuel Courteneufve, le 27 février, et Abraham Cusson, le 26 mars suivant. Quant à Emery Racapé et Pasquet Gaultier, j'ignore s'ils quittèrent la ville, ou s'ils moururent victimes de leur dévouement.
La contagion avait à peine disparu que de nouvelles craintes vinrent assaillir les Niortais. Le 22 juillet 1604, les échevins et les pairs assemblés décidèrent que pour éviter l'introduction, dans la ville, de la peste qui régnait à la Rochelle, à Parthenay, à Xaintes et autres lieux, il serait établi des gardes aux portes, qui empêcheraient toutes communications et tout trafic avec les gens venant des lieux infectés, et que les hôteliers et cabaretiers seraient tenus de transmettre, chaque jour, au maire, le certificat des étrangers qu'ils recevraient chez eux, et qu'ils refuseraient de loger ceux qui auraient habité les susdites villes, sous peine de 300 livres d'amende.
Plus tard, il fut défendu aux marchands de la Rochelle, de Parthenay, de Xaintes, de Loudun et de Châtellerault, de venir à la foire de Saint- André. Au mois d'avril 1605, on prit des mesures contre l'invasion de la peste qui infectait le bourg de Saint-Symphorien. Au mois d'août suivant, le procureur-syndic de la commune prévint le corps de ville, que le mal contagieux pullulait dans les bourgs et villages qui entouraient la ville de Niort. Il paraît, cependant, que les précautions sanitaires prises par les échevins furent efficaces, car la ville fut préservée de ce fléau.
A. Briquet,
Archiviste de la ville de Niort,
correspondant du ministre de l'instruction publique.
Marie-Charles-Apollin Briquet : fils de Hilaire-Alexandre Briquet et de la femme de lettres Fortunée Briquet, né à Niort le 6 Octobre 1800 et mort à Levallois-Perret le 17 septembre 1881. ll fut un des fondateurs de la Société de Statistique, belles-lettres, sciences et arts du département des Deux-Sèvres et fit partie de la Société des Antiquaires de l’Ouest. Membre du conseil municipal, il occupa le poste d'archiviste de la ville de Niort de 1836 à 1847.
Voir sur Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Apollin_Briquet