Extraits des Affiches du Poitou
Le Paléographe,
AVIS DIVERS
Les anciens Titres sont des monumens respectables & utiles qui méritent tous nos soins. Plusieurs persones négligent chaque jour ceux qui les intéressent, faute de pouvoir les lire, ou de trouver quelqu'un en état de les déchiffrer. Il n'est pas rare d'en voir faire des couvertures de boëtes, des frottoirs de tabac, des mesures de tailleurs, & autres usages qui les détruisent : de sorte que l'on se met par là dans le cas, où d'ignorer sa filiation, & d'être privé, à défaut de preuves, de successions considérables, ou de succomber dans des procès que l'on auroit gagné si on eût été instruit des mesures prises par ses auteurs pour assurer leurs droits. L'état & la fortune des citoyens dépendent de ce soin, & on devroit bien, dans chaque famille, y être un peut plus attentif. Ces considérations ont porté le sieur Emond, Géometre, Archiviste de la ville de Saintes, à s'appliquer pendant plusieurs années, avec son Beau-Pere, à déchiffer d'anciens titres. Il a été employé par feu M. le Maréchal de Senecterre, & plusieurs autres Seigneurs qui ont été très contens de son travail. Il a été également utile à des bourgeois & à des villageois. Le succès de ses talens & de son application est d'autant plus sûr, qu'il possede le secret de faire revivre l'anciene écriture presque éteinte ou éfacée. Il offre ses services au public, pour copier ou extraire des titres, & en faire des inventaires.
ADP - n° 39 du 30/09/1773, p. 154
Commentaire : Il y en a t'il un au GE86 ?
Contre le cancer du sein
AVIS DIVERS
Nous lisons dans les Affiches de la Rochelle, du 17 de ce mois, N° 38, que le sieur Colardeau, résidant en la paroisse de Liniere, en Angoumois, possede un secret éprouvé, pour guérir les cancers du sein. Cet avis est donné par M. Guillotin, Juge Royal de Brouage, & du Bailliage de Marennes, en Saintonge.
ADP - n° 39 du 30/09/1773, p. 155
Commentaire : Si le sieur Guillotin est parent avec le docteur (saintais) du même nom, le traitement prescrit est peut-être la mammectomie !
A votre bon cœur
AVIS DIVERS
Un Gentilhomme du Poitou, jouissant d'une fortune honnête, mais que sa générosité pour le soulagement des pauvres dans ces dernieres années, a un peu gêné, auroit besoin d'une somme de 4800# pour faire honneur à ses dettes qu'il voudroit payer sans vendre de fonds. Il offre de rembourser cette somme en deux ans, en faisant chaque mois un paiement de deux cens livres avec les intérêts. Il déposera le dernier jour de chaque mois cette somme de deux cens livres, chez un Notaire, aux choix du Prêteur, & se soumet de rendre sur le champ le reste de la somme entiere, s'il manque une seule fois à cette partie de son engagement. Il donnera d'ailleurs toutes les sûretés convenables. S'adresser au Bureau des Affiches.
ADP - n° 39 du 30/09/1773, p. 155
Ouragan à St Hilaire de Ligres
AVIS DIVERS
Le 18 Août dernier, il y eut, vers les neuf heures du soir, à St Hilaire de Ligres, paroisse de la Généralité de Poitiers, entre Bellac & Bellabre, à 4 ou 5 lieues de Montmorillon, un ouragan affreux, qui détruisit une partie des moissons, & déracina plusieurs arbres. La foudre tomba sur la maison d'un Marchand, qui fut par-là totalement incendiée. Cet homme est ruiné & réduit à l'aumône publique.
ADP - n° 39 du 30/09/1773, p. 155
Avalanche de filles
AVIS DIVERS
On lit dans le Journal Politique de Genève, N° 24, que la femme d'un Perruquier de Saint-Omer venoit d'y accoucher d'une fille, la huitieme qu'elle a eu de suite. Un fait plus extraordinaire se remarque actuellement dans la ville de Civray, Haut-Poitou ; l'épouse d'un particulier de ladite Ville, a eu dix filles de suite, & huit sont vivantes. Elle a eu 12 enfans, le premier & le dernier ont été des garçons, qui vivent. Il y a dans la même ville deux autres particuliers, qui ont chacun dix enfans actuellement vivans.
ADP - n° 39 du 30/09/1773, p. 155
Commentaire : Difficile à vérifier, en l'absence de noms.
Des centenaires
AVIS DIVERS
Le nommé Bertineau, est mort dans la même ville de Civray, le 8 de ce mois, âgé de 103 ans. Il y a été pendant 60 ans Jardinier des Religieuses Bénédictines ; il travailloit encore à la terre 3 semaines avant sa mort ; il s'étoit marié en secondes noces, à 90 ans. Le nommé Tribot, Tisserant, y mourut en 1769, âgé de 112 ans.
On écrivoit il y quelques jours de Mirebeau, que le sieur Amiet l'aîné, Marchand, âgé de 97 ans, avoit la petite vérole.
ADP - n° 39 du 30/09/1773, p. 155
Commentaires :
Inhumation de Pierre Bertineau, le 09/09/1773, décédé la veille, à Civray, à l'âge de 102 ans : BMS – 1773-1774, p. 23. Pas trouvé de naissance.
On trouve le mariage de Pierre Bertinaud, veuf, avec Françoise Toubile ou Toubille, veuve, le 18/07/1757, à Civray (BMS – 1755-1758, p. 52 et BMS – 1755-1763, p. 41)). L'âge des tourtereaux n'est pas indiqué. Les curieux pourront également demander le contrat correspondant, qui est sur la base. Il est douteux qu'il s'agisse du Pierre Bertineau tisserand qui épouse Marie Galais en 1751, car les parents du marié assistaient à ce mariage, et la profession ne correspond pas.
Un Pierre Tribot, tisserand, a été inhumé à Civray le 14/03/1766, âgé de plus de 100 ans (BMS – 1764-1769, p. 52). Les BMS – 1765-1768, p. 27 et la base GE86 précisent qu'il était veuf d'Honorée Moreau.
A noter le décès récent à 103 ans, d'un cousin par alliance de mon épouse, ancien résident à Civray.
La Femme à corne et autres nouvelles
AVIS DIVERS
Nous venons de faire une course de quelques jours dans le Bas-Poitou, notre Patrie, & nous nous proposons de publier incessamment quelques observations utiles, que nous avons eu occasion d'y faire. Nous rapporterons seulement aujourd'hui un accident très-facheux, & un événement extraordinaire que nous y avons appris. A notre passage, à Partenay, on nous a dit que deux ouvriers ont été étouffés & écrasés par l'éboulement d'une masse énorme de terre, sous laquelle ils creusoient imprudemment ; une demi-heure plutôt, cet accident eût fait périr 15 à 20 persones… En passant à Chiré, Bourg à 3 lieues de Poitiers, on nous a rapporté que l'on avoit coupé depuis peu, à une femme de cette paroisse, une excroissance ayant la forme & la consistance d'une corne, qui lui étoit née il y a environ deux ans, sur le front un peu au dessus de l'œil droit. Cette corne qui est entre les mains du Chirurgien du lieu, est longue de 4 à 5 pouces ; elle avoit crû extraordinairement depuis six mois, & formoit, outre la difformité, un poids qui commençoit à déchirer la chair. La gangrene s'est mise à la plaie, après l'opération ; on étoit occupé à soigner cette femme, & on n'osoit pas encore se promettre de la guérir radicalement. Cette observation singuliere méritoit d'être suivie de près par quelque homme de l'Art… On nous dit aussi dans un autre endroit, que nous ne nommerons pas, qu'une femme ayant été mordue à la cuisse par une vipere, en passant une haie, on avoit employé sur le champ l'herbe de Plantin, recommandée par M. Didault, Chirurgien à Montmorillon, d'après l'avis publié depuis peu dans une de nos Feuilles ; que l'enflure avoit bientôt diminué, malgré qu'on n'eût pas fait l'incision prescrite, ni fait prendre de la poudre de vipere à la malade ; mais qu'un Chirurgien des environs, appelé pour la voir, avoit condamné ce traitement, levé l'appareil, appliqué un autre procédé, & que la malade qui avoit reçu quelque soulagement par celui de M. Didault, étoit actuélement dans le plus grand danger. Il est bien cruel d'avoir souvent lieu de reprocher à quelques Chirurgiens des campagnes, leur opiniâtreté à rejeter des méthodes qu'ils n'ont pas apprises ci-devant ou qu'ils n'ont pas imaginées eux-mêmes, quoiqu'on leur prouve qu'elles ont été exécutées ailleurs avec succès. Cet égoïsme de l'ignorance est un vrai malheur pour l'humanité. Nous nous bornerons à cette réflexion affligeante, dont la justesse sera sentie par tous les bons cœurs.
ADP - n° 39 du 30/09/1773, p. 155
Commentaire : La femme à la corne est elle certaine de la fidélité de son époux ? Ce genre d'excroissances frontales est d'habitude réservé aux maris.