Image proposée par Alain Texier
Champniers - BMS - 1776-1789, v.16 et 17/110
relevé par Sébastien Pissard "Le trois de juillet le Seigneur fit entendre sa voix dans ma paroisse et dans plusieurs autres circum voisines de Civray. Vers les cinq heures du soir il ordonna au vent, à l'eau, au feu, au tonnerre, de se mêler et confondre ensemble pour former un tourbillon horrible destructeur de la plus précieuse portion de nos arbres, tels que les châtaigniers et noyers, mon pinceau n'est pas assez fort pour en tracer le tableau ; je frémis d'y penser, j'appelle à moi dans ce moment toutes mes pensées, mes sentiments et tout cela bouillonne dans ma tête, il me semble jusque sur le papier j'éprouve en même temps que malgré l'effervescence de mes efforts toute l'énergie de l'expression ne peut se proportionner à ce que je voudrais exprimer.
Figurez-vous donc une obscurité effrayante que les plus vifs éclairs n'interrompent que pour exciter dans le fond de l'âme un saississement qui recommence à tout instant on ne distingue point dans l'instant lequel des éléments dont la toute puissante main de Dieu a rompu l'équilibre fait le plus de fracas l'éclat du tonnerre intercepté ne le propage point jusqu'à l'oreille, mais il n'en faut pas douter il est dans cette affreuse discordance la plus forte voix. La terre comme ébranlée ne peut retenir les arbres, les uns tombent en entier couvrant un terrain considérable ensemencé, d'autres perdent leurs branches que le tourbillon disperse au loin et de tous côtés. Le fracas de leur chute n'est point entendu un moindre bruit est absorbé par le plus grand, Dieu qui nous ménage en nous frappant semble cacher les convulsions de la nature pour ne pas tant effrayer ceux qui surpris par l'orage dans les chemins, se jettent dans des fosses sous les haies pour attendre pendant une heure et demie quel sera leur sort. Retiré dans mon église j'attendais aussi avec la frayeur d'un pilote qui tient à peine le gouvernail la fin de la tempête, et pour rentrer dans ma maison il m'eut fallu un bateau, la rivière domestique que la pluie avait formé ne s'écoula pas aussitôt que je l'aurais souhaité A peine puis-je joindre un lit qu'un hôte d'une chambre au-dessus avait garanti. Mais j'étais le moins à plaindre Tout le public gémissait non seulement sur le mal déjà fait mais encore sur le danger que la moisson semblait couvrir car les blés renversés paraissaient plus disposés à la pourriture qu'à la maturité et la continuité des pluies fortifiait cette appréhension, lorsqu'enfin le ciel tout à coup redevint serein, sécha la faucille du moissonneur, les prières publiques prescrites par un mandement de Monseigneur en date du 2 août fixèrent le temps au beau et la chaleur prépara tant soit peu le dommage qu'avait souffert le grain amassé dans l'eau. Je n'omettrai point la circonstance d'un fait arrivé dans ma maison, une planche de mon grenier chargée de cent livres de laine céda sous l'action de l'air, il était entré dans une chambre au-dessous par les vides des vitres que des carreaux qui manquaient avaient laissés, le premier entré ne pouvant rétrograder mais étant repoussé par le nouveau qui survenait sans cesse fit effort contre cette planche qui lui résista moins, la décloua, la fit sauter et s'échappa par les lucarnes du grenier, sans cette salutaire évasion qui sait si la maison d'ailleurs peu solide en eut été quitte pour un simple ébranlement, en supposant la résistance égale de toute part l'air eut sûrement fait quelque effort funeste comme il n'arriva que trop souvent dans les souterrains ou il peut à peine se faire une issue, c'est pourquoi les soupiraux par lesquels l'air s'échappe avec tout ce qui s'est allumé dans les entrailles de la terre, qu'on regarde comme les fléaux du pays où ils se trouvent, dans les dessins de Dieu en sont le véritable salut. Conclusion un évènement de cette conséquence sera l'époque la plus remarquable de l'année mil sept cent soixante dix sept il doit nous pénétrer de reconnaissance de ce que Dieu en brisant les arbres s'est contenté d'avertir les habitants de la terre.
J'ai l'honneur de certifier à Mr le procureur du roi que j'ai lu aux prônes dudit Champniers. Signé : Maignen, Curé de Champniers."
Brux - BMS 1775 - 1782 page 40
relevé par Gloria Godard
Sur les 6 heures qui a arraché une partie des arbres qu'il a Rencontré. Il occupait environ trois lieues de large on en a Suivi les traces depuis Mansles jusqu'à Chatellerault il a arraché Beaucoup d'arbres à Mansles Ruffec presque tout le parc de Pansac Lairé La Bonnardelière. Il n'a pas fait de mal dans cette paroisse il a commencé à Epanvilliers. Depuis Epanvilliers jusqu'à Charroux les chemins étaient tous barrés par les arbres renversés. Il y a eu surtout beaucoup de noyers et de chataigners cassés et arrachés.
Ailleures dans les registres
relevé par Gloria Godard
Voulême BMS 1775/1785 page 20
Savigné BMS 1777/ 1782 page 1
Saint Romain BMS 1770/1781 page 65
Saint- Macoux BMS 1771/1781 page 46
La Chapelle-Bâton BMS 1773/1792 page 34
Romagne : pas trouvé.
Charroux BMS 1773/1778 page 88
Brux, BMS - 1775-1782, vue 40
Le 3 de juillet de la présente année il y a eu un ouragan sur les six heures, qui a arraché une partie des arbres qu'il a rencontrés. Il occupoit environ 3 lieues de large. On a suivi les traces depuis Manles jusqu'à Châtellerault. Il a arraché beaucoup d'arbres à Manles, Ruffec, preque tout le parc de Pansac, Lairé, la Bonnardelière. Il n'a pas fait de mal dans cette paroisse. Il a commencé à Espenvilliers. Depuis Espanvilliers jusqu'à Charroux les chemins étoient tous barrés par les arbres renversés. Il y a eu surtout beaucoup de noyers et de châtaigniers cassés et arrachés.
Chapelle-Bâton BMS - 1773-1792 - v34
Le trois juillet dernier un jeudi au soir, entre six et sept heures, il se manifesta un ouragan si violent qu'on croyait que tout était perdu. Le vent était si grand qu'on ne pouvait entendre les violents coups de tonnerre qui se succédaient sans intervalle. L'air était tout en feu. Les arbres, noyers, pruniers, châtaigniers et des chênes en quelques endroits, arrachés et écrasés, ne restant à la plupart que les troncs. On a rapporté que le dommage ne s'était manifesté que depuis Mansle, près d'Angoulême, jusqu'à une lieue au-delà de Gençay, Ruffecq, les Ajos, St Macou, St Saviou, Sivray, St Pierre-d'Exideuil, Blanzay, Chaniers, St Romain, Chapelle-Bâton et tirant en droitte ligne vers Gençais, ont supporté tout le fléau, Charroux n'a rien senti qu'un grand vent, mais aucun dommage. Nostradamus n'a point été oublié dans cet événement extraordinaire, chacun discourant à sa façon. Tout ce qui est de vray, cela a fait grand tort où il a passé, et dans soixante ans les arbres ne seront pas remis au même produit
Saint-Romain, BMS - 1770-1781 - vue 65
Le 3 Juillet 1777, il a passé un ouragan qui a commencé à cinq heures du soir, par des éclairs et du tonnerre jusqu'à six heures. Le temps était si chaud qu'on avait peine à ne pas transpirer avec sa seule chemise. A six heures, il s'éleva un vent si impétueux qu'il renversa plusieurs charettes chargées et en transporta à plus de deux portées de pistolet. Les châtaigners, noyers, serisiers et autres arbres fruitiers furent totalement arrachés ou cassés. Plusieurs gros chaines aussi arrachés. J'ai écrit le présent mémoire pour servir d'époque à la postérite de Romain ce 14 janvier 1778
Saint-Macoux, BMS - 1771-1781 - vue 46
le jeudi 3ème jour de huillet, environ les six heures et demie du soir, il s'éleva un vent de sud-ouest si violent et si impétueux qu'il forma un ouragan le plus terrible qui se soit fait sentir dans le pays. Les arbres, surtout les noyers, furent arrachés , d'autres, qui comme les châtaigniers offroient à l'air une plus forte résistance, furent rompus et réduit au seul tronc. Les édifices furent ébranlés, quelques charpentes emportées, presque tous découverts , les grains presques murs, notablement endommagés. Cet évènement funeste, que rendoient encore plus formidable la foudre et les éclairs, jetta tout le monde dans la plus affreuse consternation et dura environ trente minutes.
Savigné, BMS - 1777-1782 - vue 1
Le 3 juillet de la présente année il fit un ouragan après six heures du soir qui dura un quart d'heure. Il fut si grand qu'il déracina les arbres, en cassa, brisa d'autres, enleva les couvertures des maisons, renversa les cheminées et clochers, causa une grande perte à la paroisse
Voulême, BMS - 1775-1785 - vue 20
Le 3 juillet vers les six heures et quelques minutes du soir, il s'éleva un ouragan qui, dans une demie-heure ou quarante minuttes, abbatit le tiers des noyers du pays, brisa tous les châteigners, coucha par terre toutes les treilles et endommagea beaucoup la moisson en couchant les bleds qui ne pouvant se relever furent couvert de jargeau. Les paroisses qui furent les plus endommagées furent St-Macoux, St-Saviol, Voulême, les Adjots, Taizé et St-Gaudent. Les autres, à trois ou quatre lieues aux environs, furent aussi maltraités, mais pas tant que les précédentes
Charroux, BMS - 1773-1778, v.88/105
relevé par Sébastien Pissard
Cette année 1777 a été très offerte en vin et presque en toutes sortes de denrées. L'été s'est passé dans une sécheresse continuelle, qui a tari toutes nos rivières et réduits nous et nos bestiaux, dans la plus grande misère, nous avons lieu de lui attribuer la maladie contagieuse et épidémique qui a régné ici pendant plus de trois mois et dont il est mort grand nombre de personnes.
Il y eut le trois de juillet sur les six heures du soir un ouragan des plus violent et des plus extraordinaires, qui dévasta plusieurs campagnes et réduisit les habitants au abois, cette paroisse quoique des moins molestée n'a pas laissé sans ressentir des effets très sensibles et notamment les village des Malpierres et Juissié.
Extrait des "Affiches du Poitou" de 1777
ADP - n° 28-29 du 17/07/1777, p. 113
relevé par Alain Texier
De Sivrai, 5 Juillet.
Vous êtes sans doute déjà informé, M., de l'ouragan terrible qui vient de tout dévaster dans ce canton. Il a enlevé les espérances non seulement de la récolte prochaine, mais de celles qui l'auroient suivie pendant plusieurs années. Il s'est fait retentir le 3 de ce mois à 6 heures du soir. Le vent étoit sud ouest, le ciel étoit serein ; tout d'un coup il s'est couvert de nuages ; le tonerre s'est fait entendre ; le vent, toujours dans la même direction, s'est accru & a souflé avec tant de violence, qu'il a dans un clin d'œil, renversé tout ce qui s'est trouvé dans son passage. Il sembloit qu'une main invisible déracinoit nos arbres avec la même facilité que des enfans font tomber des rangs de cartes plantés pour leur amusement. Le produit le plus considérable de ce canton étoit en châtaigniers & en noyers. Il n'en est pas resté un seul sur pied dans un espace dont on ignore encore la longueur, mais qui a plus de deux lieues de largeur. Notre Ville, nos métairies se sont malheureusement trouvées dans cette direction. On ne peut voir la campagne sans être atendri. Les maisons sur lesquelles il ne reste que quelques chevrons, ont l'air d'avoir été incendiées. Des arbres qui existoient depuis un siecle, d'autres qui nous donnoient les plus belles espérances pour l'avenir, tous ont les racines hors de terre. Les chemins en sont tellement jonchés & embarassés qu'il est impossible de s'y frayer un passage. Il faut y faire le même ouvrage que si on vouloit traverser une Forêt. Les foins étoient prêts à être serrés ; le vent les a dispersés ; il a renversé plusieurs châretes chargées, dans la riviere, avec les bœufs qui y étoient atrachés ; des hommes ont été portés avec violence contre des arbres, qui ont été écrasés avec eux. On a vu des pieces de toiles enlevées des blanchisseries à des distances considérables & voltiger dans les airs. La pluie & la grêle on couché tous les blés ; & comme la première continue encore, il est à craindre qu'ils ne se relevent pas & qu'ils pourissent avant d'être mûrs. La Ville ne présente pas un aspect moins atendrissant. Les maisons sont découvertes, les meubles sont trempés d'eau, les lits qui en sont imbibés n'ont pu encore être d'aucun usage. Les cheminées ont été renversées sur les maisons voisines & les ont écrasées en partie. En un mot, tout est éfrayant & inspire la plus grande désolation. Comment faire pour réparer nos habitations ? comment faire pour subsister ? comment faire pour se dédomager des pertes considérables que nous cause pour toujours l'enlèvement de nos arbres fruitiers, qui, chaque année, étoient notre principale ressource & celle de nos malheureux paysans, si la bienfaisance du Gouvernement ne vient pas à notre secours, en nous déchargeant pendant quelques années du paiement de toute imposition. Je perds dans une seule métairie plus de cent pieds de grôs châtaigniers & cinquante noyers superbes. J'ai été aussi malheureux ailleurs, & mille autres sont dans le même cas. Il est des particuliers dont les futaies ont été aussi renversées entièrement ; les chênes isolés n'ont cependant pas autant soufert que les noyers, les châtaigniers & autres arbres fruitiers dont les racines étoient moins atachées à la terre. Les fermiers & les propriétaires sont également à plaindre. Il est difficile que les uns & les autres puissent rien payer, puisqu'ils ne recueilleront rien ; mais le malheurs des fermiers n'est que momentané, & celui des propriétaires durera long-temps. La confiance en la bienfaisance du Gouvernement fait la ressource relative des uns & des autres.
Cet article est suivi, page 114, d'autres sur le même sujet, à Vareilles-Sommieres, où le château a subi des dégâts, à la Bonardelière, près de Civray, à Chauvigny et à Villefagnan en Charente.
Le Rédac-Chef des Affiches conclu par (p. 115) :
Nous bornons là les détails que nous avons reçu sur ce malheureux moment, où peut-être plus de quarante paroisses du haut Poiton ont été dévastées. On voit que ces détails se ressemblent & se confirment mutuélement. Les paroisses qu'on nous a nommées, indépendament de celles déjà connues par ces détails, sont Airoux, (entr'autres, le fief de la Lande,) Brion, Bonne, Champniers, Diennay, Gizais, Gençaix, la Ferriere-en-Gençais, Fleuré, Jardres, Lavoux, St Julien, St Laurent de Jourdes, St Pierre d'Exideuil, (principalement le village du Breuil,) St Macoux, St Saviol, Liniers, l'Hommaisé, Savigny-Levécaut, St Secondin, Mortemé, St Maurice, Verrieres, Vernon, Voulesme, St Godent, Romagne, &c. Nous nommerions les autres, si on nous les avoit indidées. MM. les Officiers de l'Election de Poitiers sont actuellement occupés à examiner ce désastre & à en dresser les procès verbaux pour justifier les requêtes adressées, de toute cette contrée, à M. l'Intendant, des dispositions duquel on est bien sûr pour tâcher d'y apporter tous les adoucissement qui pouront dépendre de lui
Extrait du "Journal politique ou Gazette des Gazettes"
année 1777 - Août - seconde quinzaine - p42
http://books.google.be/books?id=YuA4IjhX5mQC&lpg=PA42&ots=x0KY9B3w65&dq=ouragan%20poitou%201777&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q&f=false
relevé par Jean-Paul Boudault
Toutes les lettres du haut Poitou contiennent les détails les plus affligeans fur les dommages occasionnés par un ouragan des plus terribles qu'on y a éprouvé le 3 Juillet, & qui a dévasté plus de 40 paroisses. Après une grande chaleur, l'òuragan s'est annoncé par des coups de tonnerre éclatans , & a été suivi d'un vent impétueux qui renversoit tout ce qui se trouvait sur son passage. Entre toutes les lettres qui font mention de cette épouvantable journée , en voici une écrite de Sivrai, qui peut en donner une idée.... « II sembloit qu'une main invisible déracinât nos arbres avec la même facilité que des enfans font tomber des rangs de cartes dressés pour leur amusement. Le produit le plus conidérable de ce canton étoit en châtaigniers & en noyers II n'en est pas resté un seul sur pied dans un espace dont on ignore encore ta longueur, mais qui a plus de deux lieues de largeur. Notre ville, nos métairies se font malheureusement trouvées dans cette direction. On ne peut voir la campagne fans être attendri. Les maisons, sur lesquelles il ne reste que quelques chevrons, ont1 air d'avoir été incendiées. Des arbres qui exiftoient depuis un siécle, d'áutres qui nous donnoient les plus belles espérances pour 1'avenir, tous ont les racines hors de terre. Les chemins en sont tellement jonchés & embarrassés , qu'il est impossible de s'y frayer un passage. II faut y faira le même ouvrage que si on vouloit traterser une forêt. Les foins étoient prêts à être serrés ; le vent les a dispersés; il a renversé plusieurs charretes chargées , dans la riviere , avec les bœufs qui y étoient attachés; des hommes ont été portés avec violence contre des arbres qui ont été écrasés avec eux. On a vu des pieces de toile enlevées des blanchisseries à des dislances considérables, & voltiger dans les airs. La pluie & la grêìe ont couché tous les bleds & comme la premiere continue encore, il est à craindre qu'ils ne se relevent pas & qu'ils ne pourrissent avant d'être mûrs. La ville ne présente pas un aspect moins attendrissant. Les maisons sont découvertes, les meubles sont trempés d'eau; les lits ,qui en font imbibés, n'ont pu encore être d'aucun usage. Les cheminées ont été renversées sur les maisons voisines, & les ont écrases en partie. En un mot, tout est effrayant, & inspire la plus grande désolation. Comment faire pour réparer nos habitations? Comment faire pour subsister? Comment faire pour se dédommager des pertes considérables que nous cause pour toujours l'enlevement de nos arbres fruitiers , qui chaque année , étoient notre principale ressource & celle de nos malheureux paysans , si la bienfaisance du gouvernement ne vient pas à notre secours, en nous déchargeant, pendant quelques années, du paiement de toute imposition ? Je perds dans une feule métairie plus de ioo pieds de gros châtaigniers , & 50 noyers superbes. J'ai été aussi malheureux ailleurs, & mille autres sont dans le mime cas, &c. ». C'est entre 6 & 7 heures du soir que cet ouragan s'est fait sentir; Il a duré une demi heure dans certains endroits , & sa moindre durée a été de 15 à 16 minutes. Le clocher de la paroisse de la Chemerie a été renversé. Plusieurs personnes ont péri sous les ruines de leurs habitations, & les bestiaux ont été écrasés dans les étables. Les habitants étoient retenus dans leurs maisons ébraniLées, par la crainte d'âtre écrasés par une grêle de tuiles & d'autres matériaux. D'ailleurs , la lumiere du jour & des éclairs étoit interceptée par la poussiere , les feuilles , les parcelles de branches d'arbres , & le foin que les tourbillons faisoient voltiger dans les airs.
Lu sur Internet
http://www.incapabledesetaire.com/edito/climatpoitou.pdf
relevé par Jean-Paul Boudault
1777 : le 3 juillet nous suivons l'ouragan dans le récit des registres paroissiaux. ASNOIS le soir, entre six et sept heures, il se manisfesta un ouragan si violent su'on croyait que tout était perdu. Le vent était si grand qu'on ne pouvait entendre les violents coups de tonnerre qui se succédaient sans intervalle. L'air était tout en feu. Les arbres, noyers, pruniers, châtaigniers et des chênes en quelques endroits, arrachés et écrasés, ne restant à la plupart que les troncs. On a rapporté que le dommage ne s'était manifesté que depuis Manles près d'Angoulême jusqu'à une lieu au-delà de Gençay ; Ruffecq, les Ajos, St-Macou, StSaviou, Sivay, St-Pierre d'Exideuil, Blanzay, Chaniers, St-Romain, Chapelle-Bâton et tirant en droitte ligne vers Gençais ont supporté tout le fléau ; Charroux n'a rien senty qu'un grand vent, mais aucun dommage.
Nostradamus n'a point été oublié dans cet évènement extraordinaire, chacun discourant à sa façon. Tout ce qui est de vray, cela a fait grand tort où il est passé, et dans soixante ans les arbres ne seront pas remis au même produit. Bezaud, curé de Chapelle-Bâton. CHARROUX il y eut sur les six heures du soir un oragant des plus violant et des plus extraordinaire qui dévasta plusieurs campagnes et réduisit les habitans aux habois. Cette paroisse, quoyque des moins molestée, n'a pas laissé d'en ressentir des effets très sensibles et nottament les villages des Malpierres et Jussié. SAINT-ROMAIN (près Charroux) il a passé un ouragan qui a commencé à cinq heures du soir, par des éclairs et du tonnerre. Jusqu'à six heures le temps étoit si chaud qu'on avoit peine à ne pas transpirer avec sa seule chemise. A six heures, il s'éleva un vent si impétueux qu'il renversa plusieurs charettes chargées et en transporta à plus de deux portées de pistolet. Les châtaigners, noyers, serisiers et autres arbres fruitiers furent totalement arrachés ou cassés. Plusieurs gros chaines aussi arrachés. SAINT-MACOUX le jeudi, environ les six heures et demie du soir, il s'éleva un vent de sud-ouest si violent et si impétueux qu'il forma un ouragan le plus terrible qui se soit fait sentir dans le pays. Les arbres, surtout les noyers, furent arrachés ; d'autres, qui comme les châtaigniers offroient à l'air une plus forte résistance, furent rompus et réduit au seul tronc. Les édifices furent ébranlés, quelques charpentes emportées, presque tous découverts ; les grains presques murs, notablement endommagés. Cet évènement funeste, que rendoient encore plus formidable la foudre et les éclairs, jetta tout le monde dans la plus affreuse consternation et dura environ trente minutes. SAVIGNE il fit un ouragan après six heures du soir qui dura un quart d'heure. Il fut si grand qu'il déracina les arbres, en cassa, brisa d'autres, enleva les couvertures des maisons, renversa les cheminées et clochers, causa une grande perte à la paroisse. VOULEME vers les six heures et quelques minutes du soir, il s'éleva un ouragan qui, dans une demie-heure ou quarante minuttes, abbatit le tiers des noyers du pays, brisa tous les châteigners, coucha par terre toutes les treilles et endommagea beaucoup la moisson en couchant les bleds qui ne pouvant se relever furent couvert de jargeau. Les paroisses qui furent les plus endommagées furent St-Macoux, St-Saviol, Voulême, les Adjots, Taizé et St-Gaudent. Les autres, à trois ou quatre lieues aux environs, furent aussi maltraités, mais pas tant que les précédentes. BRUX ouragan sur les six heures, qui a arraché une partie des arbres qu'il a rencontrés. Il occupoit environ 3 lieues de large. On a suivi les traces depuis Manles jusqu'à Châtellerault. Il a arraché beaucoup d'arbres à Manles, Ruffec, preque tout le parc de Pansac, Lairé, la Bonnardelière. Il n'a pas fait de mal dans cette paroisse. Il a commencé à Espenvilliers.
Depuis Espanvilliers jusqu'à Charroux les chemins étoient tous barrés par les arbres renversés. Il y a eu surtout beaucoup de noyers et de châtaigniers cassés et arrachés. CHARROUX Cette année a été très stérile en vain et presque en toutes sortes de denrées. L'été s'est passé dans une sécheresse continuelle qui a tari toutes nos rivières et réduit nous et nos bestiaux dans la plus grande misère.
Voir aussi Compilation de phénomènes climatiques