Affiches du Poitou – 6 octobre 1774 – 29 décembre 1774

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08.12.1774

ECONOMIE RUSTIQUE

Les objets de Culture et d'Economie, se transplantent, comme les moyens d'industrie. J'ai résolu de proposer, d'indiquer à mes compatriotes tout ce qui peut leur être utile : & c'est à ce titre surtout que je me flatte de rendre les Affiches du Poitou, un recueil précieux, que les bons citoyens estimeront.

La multiplication des Ruches à miel & la culture des Pommes de terre, sont deux objets intéressants que les poitevins négligent; ils connaissent les ruches, mais elles sont peu communes; il est des paroisses entières où il n'y en a pas du tout; & à peine on compte-t-on cinq à six dans celles où il y en a. Il n'y a guerre que des paysans qui en ont, et ils se contentent d'en avoir une ou deux; cependant, j'en ai compté il y a quelque temps, 17, dans le jardin d'un paysan, au village de la Fenêtre paroisse de Biard, à une petite lieue de cette ville; Il est peut-être le seul, de plusieurs leiues à la rond, qui en ait autant. Pourquoi les Curés, les Seigneurs, les gens aisés que l'on appellent Bourgeois, n'en aurait-ils pas aussi ? Les détails de la campagne ne sont plus vils, c'est-à-dire, ne sont plus regardés comme tels; l'utilité enoblit tout; les progrès de la science économique ont vengé la nature & la société des ouvrages que la barbarie des opinions leur avait faits. La construction et l'entretien des ruches à miel, ne sont ni dispendieux ni pénibles. Il y a aujourd'hui sur ces objets les instructions les plus sures & les plus &conomiques; l'usage du miel & de la cire est nécessaire; on pourrait le multiplier; il formerait une branche considérable de commerce pour cette Province qui n'en produit pas pour le quart de sa consommation, & où les abeilles réussiraient surement partout, ce serait une ressource pour le peuple qui n'a point d'aisance, parcequ'il n'a pas d'industrie; & j'ai dit ailleurs pourquoi il n'en avait pas. Le bénéfice qui résulterait de la multiplication des ruches, pourrait être regardé comme presque gratuit; ce produit formerait un revenu honête; j'en appele aux épreuves.

Quant aux pommes de terre, cette plante est moins connue en Poitou. Je connais un particulier de cette ville qui la cultive avec succès à la campagne; la production est prodigieuse. Cet aliment est très sain; le Gouvernement en a fait l'analyse. Il supplée, il remplace le pain, quand le blé est cher. Le peuple d'une partie du Haut Poitou vit de châtaignes pendant plusieurs mois de l'année, ailleurs il vivrait de pommes de terre; les tiges, les racines de cette plante, la plante elle-même, sont aussi très bonnes pour la nourriture des animaux domestiques, tels que le chevaux, vaches, cochons & volailles. J'exhorte donc encore les Cultivateurs à multiplier les pommes de terre en Poitou; elles s'y naturaliseront comme elles ont fait dans plusieurs autres provinces du Royaume où on se trouve très bien de cette ressource secondaire; & je ne la propose que comme telle. Nous avons tant de terres incultes qu'on pourrait y employer; elles viennent d'ailleurs parmi d'autres plantes sans leur nuire. Le particulier dont j'ai parlé plus haut en a fait l'essai.