François 1er, par l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, remplace le latin par le français dans les jugements, les actes notariés et institue les registres paroissiaux tenus par les curés des paroisses qui devaient enregistrer les baptêmes et les sépultures. L’obligation est étendue, en 1579, à l’enregistrement des mariages. Mais le travail ne fut pas fait sérieusement et c’est, à partir de 1600, que les registres BMS deviennent fiables.
Les oppositions au mariage ont été, du 12ème au 16ème siècle, l’objet de discussions au sein de l’église. Ces mariages pouvaient être interdits ou autorisés par dispense ecclésiastique moyennant finance.
Etaient interdits les mariages :

  • Obtenus sous la contrainte.
  • Comportant l’impuberté de l’un des époux (avant 14 ans, pour le garçon et avant 12 ans, pour la fille).
  • Lorsque l’impuissance du mari était connue.
  • Lorsque le mariage antérieur de l’un des futurs conjoints n’est pas rompu.
  • Avec une religion autre que la religion catholique.

Sont autorisés moyennant finance :

  • La parenté naturelle ou consanguine jusqu’au 4ème degré canonique
  • La parenté par alliance (beaux-frères, belles-sœurs, oncle, neveu, nièce par alliance)
  • La parenté spirituelle (parrain, marraine, filleul et enfants de parrains).

Les degrés de parenté en droit canonique de l’église catholique sont :

  • le 1er degré entre frères et sœurs
  • le 2ème degré entre cousins germains c’est-à-dire les enfants de ces frères et sœurs
  • le 3ème degré pour les enfants issus de ces cousins germains
  • le 4ème degré entre les enfants des enfants de cousins issus de germains.

Ces données fournies permettront de mieux comprendre la situation des curés qui sont confrontés à des oppositions beaucoup plus mercantiles et quelquefois inavouables.
Il semble que ce fut le cas du curé Rossay de la paroisse de St Hilaire entre les églises de la ville de Poitiers. Deux paroissiens de Châtellerault St Jean l’évangéliste, Charles Fillatreau et Jeanne Aubonneau le sollicitent pour s’unir durant l’année 1765.
Charles est veuf de Magdelaine Martineau. Leur mariage a été célébré dans la paroisse châtelleraudaise le 29 novembre 1729. L’époux est alors âgé de 19 ans (il est né le 9 juillet 1710). Comme son père, il est devenu marchand tonnelier. En 1765, il est veuf et âgé de 55 ans. Sa nouvelle épouse, Jeanne Aubonneau en a 30.
Il semble alors que, pour certains membres de la famille, des espoirs d’héritage s’éloignent. Pour d’autres, des espérances matrimoniales s’évaporent. Sept oppositions vont venir perturber le projet d’union de février à juin 1765 :

  • Magdeleine Fillatreau et son époux Jean Artiveau qui vivent en Touraine à Amboise font opposition à ce mariage, opposition rejetée le 10 février
  • Le même jour, Alexis Dugay, bourrelier dans la paroisse châtelleraudaise voit aussi sa requête repoussée. Est-ce le père ou le fils, tous les deux bourreliers qui ont fait opposition ? Jeanne Aubonneau, fille d’un maréchal de la même paroisse, voilà un bon parti pour un bourrelier.
  • Le 13 février, c’est François Métais habitant de Poitiers dont l’opposition connait la même désillusion.
  • Le 24 mars, Françoise Brangeard, elle aussi de Poitiers, n’a pas plus de chance.
  • Le 25 avril, l’opposition d’Anne Boyer de Blois connait le même sort.
  • Le 15 juin, une seconde tentative présentée par la même personne devant la cour du parlement de Paris arrive à la même conclusion : Aucun argument invoqué ne correspond aux critères d’annulation de ce mariage. Jeanne Aubonneau va pouvoir veiller sur son vieil époux.