n° 7 et 6 des « Affiches du Poitou », du 18 février 1773 et du 8 février 1776.  

Le prix des denrées

ETAT du Poids (du Boisseau) des grains des Villes & Lieux de la Généralité de Poitiers.
Commentaire : Il s'agit des prix du boisseau de froment, de méteil, de seigle, d'orge, d'avoine, de pois secs, etc. sur les différentes places de marchés de la région
ADP - n° 7 du 18/02/1773, p. 25


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La vie des villes

Extraits de différentes Lettres
D'Argenton-Château, le 21 Janvier.
De Beauvoir-sur-Mer, le 24.
Commentaire : Date des marchés, et différentes données sur la vie économique des villes citées.
ADP - n° 7 du 18/02/1773, pp. 26-27
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La tempête du 27 janvier

Des Sables-d'Olonne, le 4 Février.
La tempête du 27 Janvier, a fait du mal sur mer, comme sur le continent. Le matin de ce jour là étoit très beau ; toutes les barques étoient sorties pour aller à la Pêche. A midi le vent tomba au nord-ouest, & ouest forcé. Il s'éleva un ouragan affreux. Toutes les Barques ont failli périr, & n'ont regagné le Port qu'avec peine. Cependant une s'est brisée sur les rochers ; six hommes, formant l'équipage, se sont noyés. Une grande Chaloupe sortie de la Rochelle pour se rendre ici, a essuyé le même coup de vent, qui lui a emporté le Capitaine nommé Masson, & ce qu'il y a triste, c'est que sa femme & deux sœurs qui étoient dans ce Bâtiments, l'ont vu périr sans pouvoir lui donner de secours. Une autre Barque, chargée de Morue, & allant à Nantes, a perdu de la même maniere un homme de son équipage. Le même jour encore sur les 7 heures du soir, la Barque le St Jean, Cap. Croiset, des environs de Libourne, partie de Bordeaux le 21 Décembre pour l'Orient, chargée de vin, d'eau-de-vie, & de plusieurs ballots de draps, a nauffragé sur la Côte d'Olone. On sauvera une partie de la Cargaison : mais les draps sont avariés. Le lendemain 28 à 5 heures du matin, la tempête a jetté sur la même Côte, à un quart de lieues plus bas, la Barque la Paix, de Noirmoutiers, Cap. Louis Neau, chargée de 31 tonneaux de vin de Bordeaux, pour Vannes, le Capitaine a péri. Le reste de l'équipage s'est sauvé.
ADP - n° 7 du 18/02/1773, p. 27
Commentaire : Durs métiers que les métiers de la mer.
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Perdrix bicolores

De la Roche sur-Yon, le 30 Janvier.
On a apperçu, il y a un mois, dans les environs de la Chaise-le-Vicomte, une compagnie de Perdrix, ayant le plumage blanc, le bec & les pattes rouges. On en tua une qui fut portée au Procureur-Fiscal de M… qui défendit expressément de les tuer, même de les chasser.
ADP - n° 7 du 18/02/1773, p. 27
Commentaire : Des perdrix blanches et rouges, un procureur Vert.
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Les vieux et leur santé

De Lusignan, le 31.
La vue d'un vieillard est un spectacle intéressant pour le cœur & pour la politique. Il y en a quelques-uns dans cette contrée. Il en est mort depuis peu : l'un (Madame Amirault, de Celle l'Evécau) âgée de 92 ans ; l'autre, (la veuve Ardoin, de Cursay) de 95 ans. Ces deux femmes ont conservé jusqu'au dernier moment leur raison & leur santé. Le plus remarquable des vieillards existants, est le sieur Fraigneau, de Bagneau, âgé de 90 ans. Il est encore très sain, robuste, d'une belle figure, & a tous ses cheveux qui sont d'un beau blanc. Cet homme n'a été malade qu'une fois en sa vie. Il eut à 50 ans, une fievre quarte, qui céda après un mois. Sa vue s'affoiblit alors ; il prit des lunettes. Il les a laissées à 80 ans. Il avoit aussi perdu toutes ses dents. Il lui en est venu deux à cet âge. Il fait volontiers 4 lieues à pied. Il a un frère âgé de 78 ans, demeurant à Lusignan, qui jouit d'une santé excellente. Il lui survint il y a cinq ans une hernie, que l'on entreprit de guérir. Les Médecins & les Chirurgiens, après beaucoup de soins, renoncerent à cette cure. Il eut recours à une femme qui avoit une recette pour cette maladie. Il en fut délivré par la Dame Bernard, qui lui donna une poudre composée de plusieurs simples, qu'il prenoit trois fois par jour dans une soupe legere, & tout en faisant ses affaires journalieres. Cette femme morte l'année derniere âgée de 80 ans, a fait gratuitement un nombre de cures admirables. Elle n'a jamais voulu publier son secret. On croit cependant qu'elle en a fait part à la Demoiselle Quinefaut, sa fille, qui a traité avec succès plusieurs personnes atteintes de la même maladie. Il seroit bien à desirer pour l'intérêt de l'humanité, que ce secret fût connu. On assure qu'il ne produit aucun effet sur les enfants. Cela est fâcheux, car il y en a beaucoup, que la négligence ou la brutalité de leurs nourrices jettent dans cet état.
ADP - n° 7 du 18/02/1773, p. 27
Commentaires :
1) Passe encore que le vieux monsieur de 80 ans retrouve une bonne vue, mais de là à croire qu'il fait une poussée de dents, sans retomber en enfance… Je préfère laisser les spécialistes de santé de juger.
2) Le rédacteur en Chef des Affiches doit avoir un vieux compte à régler avec les nourrices : voir l'article « le sein » dans une précédente revue de presse.
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L'homme fatal

De B.. en B. M. le 26.
Un jeune homme de cette ville éprouve & fait éprouver une fatalité bien singulière. Il rechercha en mariage, il y a quelques années, une Demoiselle d'A... l'affaire conclue, elle mourut avant la fin du mois. Il en a recherché une au D… l'accord fait, elle mourut trois semaines après. Enfin il s'est replié sur sa patrie, dans l'espoir d'y être plus heureux ; même accident, nouveau malheur, le troisieme objet de ses vœux est mort 13 jours après la promesse du don de sa main, on l'a enterré ce matin.
ADP - n° 7 du 18/02/1773, p. 27
Commentaire : en est-il besoin !
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Aurore boréale – suite

M. Luminais fils, nous écrit de l'Isle-Bouin, que le Phénomene du 16 Janvier, dont nous avons rendu compte, y a été apperçu le même jour vers les neuf heures du soir. Le détail qu'il est fait, est, on ne peut pas mieux écrit, … (mais nous n'avons pas de place pour le publier) … L'opinion de M. Luminais, est que ce Phénomene qui a été aussi apperçu à Tours, est une véritable aurore boréale. Son opinion est fondée en principes ; c'est aussi celle de l'Auteur des Affiches de Tours. Ce Phénomene a été observé à Poitiers, par un très grand nombre de personnes, tel que nous l'avons rapporté. (Voyez le Traité Phisiq. & Histor. de l'aurore boréale, par M. de Mairan, dans les Mém. de l'Acad. Roy. Des Sciences, année 1731.)
ADP - n° 7 du 18/02/1773, p. 28
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La mule au lait de vache

Extrait d'une Lettre des environs de Chef-Boutonne.
[Résumé] : Le nommé David Colon, du village de Couturelle, paroisse de Saint Martin d'Entraigues, près Chef-Boutonne, avait une belle jument, qui mit bas une très mule, mais en mourut. Voulant conserver la mule, il lui fit prendre du lait de vache, et « la mule a grandi à vue d'oeil, elle est beaucoup plus haute que cette espece ne l'est à cet âge. »
ADP - n° 6 du 8/02/1776, p. 22
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Le pain à la pomme de terre

Extrait d'une lettre des environs de Chaunay
[Résumé] : Si ol'é bon pour les gorets (sauf vout respect), o s'rait aussi bon pour les Chrétiens.
ADP - n° 6 du 8/02/1776, p. 22
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L'OVNI de Châtain

Extrait d'une lettre des environs de Civray
Cinq particuliers de la paroisse du Bouchage, sortant du Château de Foulebon, près la paroisse de Châtin, en Poitou, le 18 Décembre dernier, & étant arivés, vers une heure après le coucher du soleil, à la métairie de la Grange-Dubois, dépendant dudit Château, aperçurent en l'air, du côté de l'occident, un globe de feu qui leur parut être de la grôsseur d'une ponne à lessive, (c'est leur expression) qui étoit traversé d'un chevron ardent en forme de lame. Ce globe voltigeoit du midi au nord ; le chevron traversant se divisa bientôt en deux parties, dont l'une voltigea à droite & l'autre à gauche en forme de serpent. Ensuite le globe descendit vers l'horizon, toujours à l'occident, & les deux autres parties s'y réunirent en reprenant leur premiere forme. Elles se séparerent encore comme ci-devant, le globe étant remonté vers l'orient, & les deux parties du chevron, l'une se précipitant en terre, & l'autre montant perpendiculairement, disparurent. Le globe revint encore à l'occident, s'agrandit prodigieusement, & jeta une éclat si lumineux qu'on avoit peine à le fixer. Ces particuliers jouirent de ce spectacle pendant une demi heure de marche ; ils le perdirent de vue en arivant au Bouchage. Le globe leur parut se précipiter dans l'horizon occidental… La nuit du 25 au 26 du même mois de Décembre, vers les 3 heures du matin, deux persones venant du vieux Ruffec à Civray, & parvenus sur un monticule, près le bourg de Genouillé, à la distance d'une lieue & demi de Châtin, virent entre l'orient & le septentrion un pareil globe de feu, mais n'étant point comme celui du 18 traversé par un chevron ; il avoit la forme de la lune au plein naissant, mais trois fois plus large, & jetant autant de lumiere dans cette partie que feroit la lune mêm, malgré qu'il pleuvoit & que l'air étoit très-obscur à l'occident. Ils l'aperçurent pendant un quart d'heure ; mais ils ne lui virent aucun mouvement, & ils le perdirent de vue insensiblement, à mesure que le chemin qu'ils suivoient se trouva moins élevé. (12 Janvier 1776)
ADP - n° 6 du 8/02/1776, p. 22